Monsieur le sénateur, je ne suis ni obtuse ni animée par l’idéologie. Oui, nous devons apprendre de l’Allemagne en matière de formation professionnelle ; oui, nous devons apprendre de l’Allemagne en matière d’apprentissage, et je suis d’ailleurs allée visiter des centres d’apprentissage ; oui, nos organisations patronales, aussi, doivent apprendre des organisations patronales allemandes, qui s’investissent beaucoup sur la question de l’apprentissage ; oui, les organisations syndicales françaises doivent aussi apprendre de leurs homologues allemandes.
Si nous voulons développer, à travers l’article 2 notamment, le dialogue social au niveau de l’entreprise, c’est que nous pensons que le passage d’une culture de l’affrontement à une culture du compromis nous éviterait d’avoir à réagir au dernier moment, ce qui nous a fait perdre des emplois dans l’industrie depuis le deuxième trimestre de 2001.
Monsieur le sénateur, je le répète, lorsque vous faites des comparaisons, il faut tout prendre en compte, c’est-à-dire aussi la qualité de la formation et le taux de précarité. Il faut dire que l’assurance chômage dans notre pays a joué un vrai rôle d’amortisseur social au moment de la crise de 2008, mais il faut reconnaître également que nous avons fait le choix de la flexibilité externe par les licenciements en 2008.
Aussi, je vous ai proposé l’article 11 sur les accords pour le développement de l’emploi, qui sont destinés à créer les conditions pour se mettre d’accord, pendant un temps à durée déterminée, afin d’éviter les suppressions d’emplois par la suite.
Oui, nous pouvons apprendre de nos voisins, mais nous ne souhaitons pas plaquer un modèle extérieur sur le nôtre, non pas en raison de spécificités que nous voudrions garder à tout prix, mais parce que notre modèle a aussi des atouts, qu’il faut savoir conserver. Nous devons nous adapter, faute de quoi notre modèle social disparaîtra.