Mis au point voici quinze ans après la grande tempête de 1999, notre système de vigilance météorologique repose, au-delà des seules données chiffrées, sur la notion de risque et de danger. Il part de deux constats : la prévision météo, aussi bonne soit-elle, ne suffit pas à gérer le risque ; et il y a un décalage considérable entre les connaissances et le comportement adopté.
La procédure Vigilance est un dispositif d'avertissement en amont de la chaîne d'alerte, pilotée par la Direction de la sécurité civile ; nous alimentons cette chaîne, tout en informant - innovation notable - le public du danger. Nous avons adopté un codage simple en quatre couleurs, pour une diffusion aussi rapide que possible par les médias. C'est un dispositif à l'échelle départementale, pour les 24 heures à venir. Il est interministériel (les ministères de l'intérieur, de l'environnement et de la santé sont impliqués), régi par une circulaire et en cohérence avec les plans Orsec. Il doit aussi être pris en compte, si possible, dans les plans communaux de sauvegarde (PCS). Des évaluations annuelles sont conduites, non seulement sur la prévision elle-même mais aussi sur les conséquences de l'événement. C'est donc un dispositif différent de la prévision météorologique, où l'évaluation est seulement chiffrée. Enfin, un sondage annuel est conduit auprès du public.
Le code couleur est le suivant : le vert indique que tout est normal ; le jaune invite les personnes particulièrement exposées au risque à se montrer attentives ; l'orange concerne l'ensemble de la population, avec des bulletins de suivi informant des développements du phénomène, et les pouvoirs publics délivrent des conseils de comportement. Malheureusement, les bulletins sont peu lus, sans doute en raison de leur complexité. Enfin, le rouge ne concerne que les phénomènes dangereux d'intensité exceptionnelle et donne lieu à des consignes - et non plus des conseils - de la part des autorités.
Pour passer d'une couleur à l'autre, les seuils météorologiques ne suffisent pas à établir un niveau de vigilance. Il est tenu compte du climat local, de l'acclimatation des citoyens - ainsi on peut rouler jusqu'à dix centimètres de neige en Savoie, deux à trois en région parisienne - et de la précocité dans l'année, dans la mesure où la population est moins sensible aux conseils de protection contre la canicule au mois de juin. Nous modulons aussi les seuils de passage en fonction du relief - la pente pouvant aggraver les ruissellements en cas de précipitation - des agglomérations concernées pour la neige, des départs en vacances et, enfin, des pics de pollution et d'humidité en cas de canicule. Les seuils aussi évoluent au cours du temps en fonction du retour d'expérience.
Pour les inondations, nous utilisons les données fournies par le service central d'hydrométéorologie et d'appui à la prévision des inondations (Schapi) et les services de prévention des crues (SPC) ; pour les phénomènes biométéorologiques comme le grand froid et la canicule, nous travaillons avec le ministère de la santé.
La procédure est évaluée par un groupe de suivi se réunissant trois fois par an, sur la base des retours du ministère de l'intérieur et de la DGPR. La pertinence du dispositif mis en place pour chaque événement est examinée. Ce n'est pas une évaluation météorologique. Nous nous efforçons de recenser le nombre de sorties pompiers et d'autres interventions, ce qui n'est pas toujours facile à corréler avec l'événement. Enfin, un comité de pilotage annuel réunit la DGPR, la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) et Météo France pour décider des évolutions à apporter à la procédure. Un bilan annuel, cosigné par les intervenants, est présenté.
Je propose deux évolutions : intégrer la vulnérabilité pour moduler la vigilance, ce qui impliquerait de descendre à un échelon inférieur au département ; et utiliser autant de moyens de communication que possible. Nous avons commencé à utiliser SnapChat, très utilisé par les moins de vingt ans, car les jeunes ont une influence sur leurs parents.