Si vous parcourez les journaux de ma région, vous vous rendrez compte que l'assuré a parfois des difficultés à entendre ce discours...
Monsieur Blay, votre association, créée en janvier 2014, est la première communauté virtuelle francophone de volontaires numériques en situation d'urgence. Dans vos interventions auprès des acteurs publics, comment contribuez-vous à la prévention et à la gestion des risques ?
Ludovic Blay, consultant risques et crises, co-fondateur de l'association des volontaires internationaux en soutien opérationnel virtuel (Visov). - Contrairement aux autres intervenants qui représentent de grandes institutions, je fais partie d'une association de bénévoles et de citoyens, dont les dimensions sont très modestes.
92 % des Français ont un téléphone portable : un smartphone pour 58 %, un téléphone classique pour les 34 % restants. On peut par conséquent toucher à peu près la totalité du public, y compris les visiteurs étrangers, via le portable. C'est pourquoi nous avons choisi ce vecteur pour alerter et transmettre l'information.
Une « appli », telle que le SAIP, doit être téléchargée dans un magasin en ligne ; l'utilisateur doit ensuite la laisser activée, accepter la géolocalisation et donner son consentement pour qu'elle utilise sa batterie. Après une forte progression au moment du lancement, les utilisateurs se lassent et suppriment l'appli de leur téléphone. Nous avons par conséquent choisi d'agir autrement et de nous rendre sur l'outil déjà utilisé par le citoyen : les médias sociaux que sont SnapChat, YouTube ou Instagram. À travers eux, il est possible de toucher une partie de la population, notamment les plus jeunes.
Auparavant, la communication de crise impliquait le maire ou le préfet, qui communiquaient en direction de la population, entourés de la police, de la gendarmerie et des pompiers mais aussi de certains opérateurs publics et privés, comme le gestionnaire de l'eau. Désormais, le message n'est plus seulement descendant : un échange se crée. Le citoyen est davantage impliqué dans la sécurité civile depuis la loi de 2004. L'information remonte auprès des autorités. Ainsi, lors des attentats du 13 novembre, une adolescente de 15 ans, Marie, qui habitait en Franche-Comté et n'était pas liée aux événements en cours, a décidé de créer un compte Twitter pour mettre en contact les personnes qui voulaient des nouvelles de leurs proches et d'autres qui, victimes ou témoins des attentats, avaient vu, par exemple, un voisin de terrasse évacué en ambulance. Cette initiative, menée en très peu de temps, n'a pas nécessité le concours des institutions. Lors des récentes inondations, nous avons également pu localiser les parents d'une jeune fille qui était sans nouvelles.
Nous jouons ainsi un rôle de volontaires internationaux en soutien opérationnel virtuel, à la disposition des élus, ministères et préfectures en tirant parti des réseaux sociaux. Nous recueillons de l'information opérationnelle et fiable grâce à nos compétences en matière de monitoring de réseaux sociaux. Visov regroupe 60 bénévoles de profils variés, bénéficiant souvent d'une expérience en sécurité civile - sapeurs-pompiers volontaires, radioamateurs, psychologues d'urgence - mais aussi de compétences techniques en marketing ou en cartographie. Grâce à notre maillage territorial, je peux suivre, depuis le Havre, la situation dans le Sud mais aussi dans tout l'espace francophone, ce qui nous permet une veille en continu.
VISOV propose aux autorités un classeur de déploiement, qui filtre et synthétise les informations transmises par les bénévoles. Ce classeur est diffusé dans les salles de crise, où certaines de ses parties peuvent être surlignées pour signaler les éléments les plus urgents. Il peut également être présenté sous la forme d'une carte.
Il serait bon que tous les acteurs - y compris les simples citoyens - s'organisent pour tirer parti de ces informations. Les MSGU doivent être intégrés dans l'ensemble des moyens d'alerte et de remontée d'information. Ils favoriseront l'implication dans la sécurité civile des citoyens, qui seront mieux écoutés, même en amont des crises. Pour cela, les réserves communales de sécurité civile peuvent être mises à contribution, comme à Nice.
Les réseaux sociaux révèlent en France un problème de compréhension des niveaux de vigilance lorsque les couleurs utilisées par les différents services ne sont pas les mêmes.
Nous avons du mal à comprendre ce qu'est la vigilance. Alerte, avertissement, niveau, consigne, seuil... Cette terminologie trop complexe sème la confusion. Mettons-nous d'accord sur des termes plus simples ! D'ailleurs, quelle différence entre vigilance et alerte ? Simplifions. Les élus sont-ils membres du comité de pilotage que vous avez évoqué ? Il est effectivement troublant de voir des couleurs différentes entre plusieurs services de l'État.
Répétons que, même au 21ème siècle, il est impossible de tout prévoir. Nos concitoyens font trop souvent une confiance aveugle en Météo France, qui n'a pourtant pas émis d'alerte rouge lors des inondations à Draguignan ou dans les Alpes-Maritimes.
Je ne suis pas sûr que le chiffre des 75 % indiqué par les assureurs soit bien compris. Il faudrait un langage de vérité. Quant aux réseaux sociaux, il est grand temps, en 2016, de les mettre à profit ! Entre les réseaux sociaux et les sirènes des années cinquante, nous devons progresser !