La tripartition entre agriculture, alimentation et environnement est détaillée dans les documents de l'Inra qui mène des recherches en écologie - climat, sols, biodiversité -, des travaux sur les systèmes de production agricole et l'agronomie, et enfin des études sur la production alimentaire et la transformation des produits, la nutrition et la toxicologie. Entre ces trois domaines stratégiques, il y a des mariages à faire ; je ne suis pas seul à le penser. L'alimentation est une question majeure : nourrir les neuf milliards d'habitants de notre planète implique, au-delà des agriculteurs eux-mêmes, des chaînes alimentaires performantes. La nécessité de retrouver de la diversité dans les productions agricoles touche aussi le domaine agro-alimentaire, où émergent des marques mondiales et des productions très standardisées. Proposer des productions agricoles adaptées aux besoins des consommateurs, meilleures d'un point de vue nutritionnel et diversifiées est un défi passionnant.
La recherche doit contribuer à « éclairer les politiques publiques », comme l'indique le décret précisant les missions de l'Inra. Celui-ci doit se tenir auprès des pouvoirs publics lors des grandes échéances : il convient de repenser la PAC 2020 et la politique alimentaire mondiale au niveau de la FAO. L'Inra a sa place dans cet ensemble, non pour émettre des slogans mais pour réaliser des synthèses suggérant des pistes d'évolution des politiques publiques.
M. Gremillet a fait référence, en parlant de saccage de travaux de recherche, à la destruction d'essais de plantes OGM et du centre de Colmar. Cet épisode a été d'autant plus douloureux pour les chercheurs qu'il s'agissait d'une expérimentation technique citoyenne dotée d'un comité de pilotage où étaient représentées les parties prenantes. Il convient de faire oeuvre de transparence et de pédagogie. On peut douter de l'opportunité d'une culture tolérante au glyphosate, mais cela relève de la compétence du législateur ; de leur côté, les chercheurs doivent avoir la liberté de chercher et d'évaluer les risques, notamment de dissémination. Si l'Inra ne le fait pas, les pouvoirs publics et les citoyens auront face à eux ces grands acteurs de l'agrochimie que je ne citerai pas.