Le ministre de l’intérieur a répondu très clairement sur les effectifs mobilisés à Nice le soir du 14 juillet dernier. Ces réponses, nous les devons aux Niçois, aux familles des victimes et à leurs proches.
Aux côtés des policiers municipaux, dont nous connaissons tous ici l’utilité pour la protection de nos concitoyens – je veux bien sûr saluer ceux de Nice –, il y avait 185 policiers nationaux et 20 militaires de l’opération Sentinelle. Sur la Promenade des Anglais, meurtrie, les policiers nationaux étaient entre 64 et 92 en fonction des créneaux horaires.
Ces effectifs sont conformes à ce qui avait été annoncé et à ce qui avait été acté entre l’État et la ville. C'est la raison pour laquelle je pense qu’il faut dépasser ces polémiques. Une fois encore, nous avons besoin d’unité, non pour le plaisir des mots, non pour faire taire le débat ou mettre un terme au questionnement : l’unité doit être une partie intégrante de notre stratégie de lutte, précisément parce que le terrorisme cherche la discorde.
Depuis quatre ans – je l’ai souvent dit à cette tribune, comme ministre de l’intérieur, puis comme Premier ministre –, nous menons une stratégie cohérente. Celle-ci est mise à l’épreuve et exposée au questionnement, notamment des parlementaires.
Cette stratégie vise à agir sur notre sol, contre les « ennemis de l’intérieur » – c’est ainsi que je les avais appelés en novembre 2012, lorsque je présentais le premier projet de loi du quinquennat contre le terrorisme. Elle vise à agir, aussi, contre l’ennemi extérieur, sur les théâtres extérieurs. Tout est lié. C’est un même et unique combat.
C’est d'ailleurs pour cela que, sur un autre front, dès janvier 2013, le chef de l’État a décidé d’engager nos forces au Mali. Elles continuent leur mobilisation dans le cadre de l’opération Barkhane.
C’est pour cela, aussi, que nous sommes engagés en Irak depuis 2014 et en Syrie depuis septembre 2015. Nos avions frappent quotidiennement les positions de l’État islamique, de Daech – déjà près de 800 frappes depuis septembre 2014. Notre armée de terre et les forces spéciales soutiennent les opérations sur le sol irakien.
Nous allons encore amplifier nos actions, en appuyant davantage les Irakiens pour la reconquête de Mossoul. Une réunion importante des membres de la coalition se tient d'ailleurs aujourd'hui mercredi et se prolongera demain à Washington. Les ministres de la défense et des affaires étrangères y participent. Nous allons amplifier nos actions en déployant de nouveau sur zone, à l’automne prochain, le groupe aéronaval, avec le porte-avions Charles-de-Gaulle.
Notre stratégie a visé, de surcroît, au renforcement de notre cadre législatif. Je veux dire à ce propos que ce débat de la stratégie globale me paraît être l’un des plus pointus, des plus indispensables. Vous avez été amenés à voter cinq textes, qui ont donné à nos services tous les moyens d’agir.
Une première loi antiterroriste, adoptée ici en première lecture à une très large majorité en décembre 2012, permet de juger des Français partant faire le djihad à l’étranger – ce sont quelque 300 procédures judiciaires contre 1 200 de nos ressortissants qui ont été ouvertes.
Adoptée quelques semaines avant les attentats de janvier 2015, la deuxième loi antiterroriste de novembre 2014, portée par Bernard Cazeneuve, a notamment créé le « délit d’entreprise terroriste à caractère individuel », ainsi que la possibilité de procéder au blocage et au déréférencement des sites qui font de la propagande terroriste sur internet.
À cela s’ajoute une loi de juin 2016, visant à mieux lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée, qui a déjà pris effet et qui répondait à une proposition de loi portée par MM. Philippe Bas et Michel Mercier.
Enfin, dans le domaine du renseignement, un sujet sur lequel aucun gouvernement n’avait osé légiférer depuis plus de vingt ans, deux lois ont été votées en juillet et en novembre 2015. La loi Savary de mars 2016 a par ailleurs renforcé le niveau de sécurité dans les transports.