Ils l’ont fait d’autant plus facilement que les dispositions qui posaient le plus de problèmes ont été enlevées du projet de loi par la commission mixte paritaire.
D’autres, en revanche, considèrent que la prolongation de l’État d’urgence qui nous est proposée n’est pas opportune et ne suffira malheureusement pas à empêcher de nouveaux drames, tant la menace à laquelle nous devons faire face peut prendre de formes différentes, qu’il est impossible d’anticiper toutes.
Le Président de la République, lors de l’interview du 14 juillet dernier, annonçait d’ailleurs la suspension de l’état d’urgence, qui avait été prolongé trois fois depuis les terribles attentats du 13 novembre 2015. Ainsi, quelques heures avant le drame de Nice, beaucoup s’accordaient à dire que l’état d’urgence était désormais d’un faible intérêt : s’il avait été utile et nécessaire durant les premiers jours après ces attentats, il devenait évident qu’il avait perdu de son efficacité au fil du temps.
Paradoxalement, au lendemain de la tragédie de Nice, on rétablit l’état d’urgence, alors qu’il ne l’avait manifestement pas empêchée.
Je vous comprends, monsieur le secrétaire d’État. Si vous aviez mis fin à l’état d’urgence trois mois auparavant, quelles critiques n’auriez-vous pas essuyées de la part des sénateurs et des députés de droite ! On vous aurait traités d’irresponsables ! On vous aurait demandé pourquoi vous preniez cette décision.
C’est bien là le problème : la surenchère. On ne prend pas le temps de réfléchir à l’utilité d’un tel dispositif !
L’état d’urgence n’est pas neutre, et nous devons être vigilants quant à son utilisation. Certains de nos collègues se disent qu’il ne sert peut-être pas à grand-chose, mais qu’il constitue quand même une petite garantie. Non ! Il porte atteinte à la démocratie : ce n’est pas rien !
Il y a un risque, celui que chaque nouveau drame conduise à renforcer la répression. M. Mézard l’a dit, quelle sera la réponse du Sénat et de l’Assemblée nationale si un nouvel attentat devait se produire ?
Entendre des députés, et non des moindres, proposer l’instauration de camps pour personnes suspectées de terrorisme est inquiétant pour la démocratie.
Ce serait une démocratie à géométrie variable ! Certains l’ont d’ailleurs dit : pourquoi s’embêter avec des barrières démocratiques qui vont gêner notre action ?
La démocratie s’est construite au fil des années et des siècles, et même au prix de morts !