Monsieur le ministre, je tiens à vous alerter sur la délicate question de la préservation des buis. La situation est très alarmante. En effet, de Versailles à Vaux-le-Vicomte, en passant par nombre de jardins très connus, les massifs de buis, qui font la renommée des jardins à la française, sont littéralement décimés par la pyrale et deux maladies du dépérissement liées à des champignons.
J’insiste plus particulièrement sur le champignon nommé cylindrocladium, contre lequel aucune solution biologique n’existe aujourd’hui, ni en préventif, ni en curatif.
En l’état actuel de la connaissance scientifique, il n’existe que deux possibilités pour éviter la disparition des buis : les remplacer tous par des espèces plus résistantes, ou les traiter par fongicide homologué, ce que font actuellement tous les jardins comportant des buis.
Or ces deux solutions se heurtent au cadre législatif actuel et au calendrier qui en découle, puisque sera interdit, à partir du 1er janvier 2017, l’usage des produits phytopharmaceutiques par les personnes publiques pour l’entretien des espaces verts accessibles ou ouverts au public et relevant de leur domaine public ou privé, mais aussi pour les personnes privées à plus longue échéance.
Il est cependant urgent d’intervenir sur la menace que ce champignon représente pour la survie des buis, et dont l’impact sur les jardins au niveau culturel, économique, touristique, en termes de fréquentation, mais aussi d’emplois, sera désastreux si rien n’est engagé. Un communiqué de l’Agence France-Presse du 9 septembre dernier s’en émeut d’ailleurs largement.
Je rappelle par ailleurs qu’en tant qu’éléments du patrimoine classé au titre des monuments historiques, les buis en question doivent faire l’objet d’une préservation ou, à tout le moins, d’un entretien.
Au vu de ces éléments ainsi que de l’urgence actuelle, je me permets donc de vous interroger sur les solutions qui pourraient être envisagées, même à titre transitoire, pour remédier à ce fléau, notamment l’inscription, par voie d’arrêté, comme le code rural et de la pêche vous en donne compétence, du cylindrocladium sur la liste des « organismes nuisibles aux végétaux […] soumis à des mesures de lutte obligatoire, de façon permanente, sur tout le territoire » ; voire l’autorisation à titre dérogatoire de produits phytopharmaceutiques homologués en faible quantité pour le combattre à titre préventif.
En tout état de cause, je reste persuadé, au regard de l’approche que vous préconisiez dans votre courrier du 11 mars dernier à mes collègues députés et relatif aux néonicotinoïdes, que vous êtes ouvert à trouver le meilleur compromis tant que des mesures de biocontrôle n’existent pas.