Monsieur le sénateur, cher Louis-Jean, nous venons tous les deux de ce beau département de la Sarthe. Dans les jardins du château du Lude, on trouve des buis.
Je sais que vous êtes sensible, comme chacun, aux deux problèmes que l’on rencontre aujourd'hui avec les buis. J’ai moi-même été saisi à plusieurs reprises sur ces sujets, que sont, d’une part, la pyrale – j’ai pu en observer les conséquences catastrophiques sur les buis du Vercors lors d’un déplacement récent –, et, d’autre part, le champignon que vous avez cité, responsable de la cylindrocladiose, qui touche les buis de manière très dure.
Comme vous l’avez dit, nous disposons de deux moyens d’action.
Tout d’abord, nous devons essayer de faire en sorte que les essences de buis soient plus résistantes – on doit travailler sur un certain nombre de pistes –, éviter les plus fragiles et favoriser les plus résistantes. Mais cela ne résout pas la virulence des attaques que nous connaissons aujourd'hui.
Sur ce sujet, vous l’avez très bien dit, il faut privilégier la lutte intégrée par le biocontrôle, et des méthodes plus naturelles comme le développement de parasites permettant de lutter contre les parasites du buis. L’INRA dispose déjà de résultats encourageants, notamment en matière de lutte contre la pyrale du buis, que je vous transmettrai. Je souhaite développer rapidement, avec les Directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, les DRAAF, et les Fédérations régionales de défense contre les organismes nuisibles, les FREDON, des stratégies pour permettre la diffusion de ces pratiques nouvelles, qui, semble-t-il, donnent de bons résultats sur la pyrale et pourraient aussi, je l’espère, avoir un impact sur la cylindrocladiose.
Après la loi « Labbé », qui visait à interdire l’utilisation de phytosanitaires pour les amateurs d’ici à 2020, la loi sur la transition énergétique a interdit l’utilisation de phytosanitaires par les collectivités locales d’ici à 2017, et pour les amateurs, d’ici à 2019. Ces échéances, en particulier celle de 2017, nous laissent très peu de temps pour trouver des stratégies de lutte alternatives à base de biocontrôle, et peut-être faudra-t-il autoriser le recours à des doses extrêmement faibles de phytosanitaires durant ces périodes transitoires pour sauver les buis et les jardins à la française, qui, vous l’avez rappelé, font partie de notre patrimoine.
Monsieur le sénateur, je vous envoie donc les premiers résultats de l’INRA, et d’ici à la fin de l’année, j’aurai l’occasion de revenir sur la meilleure stratégie que l’on devra adopter afin de protéger les buis de France.