Je souhaite attirer votre attention, madame la secrétaire d’État, sur la situation du site papetier ArjoWiggins à Wizernes, dans le Pas-de-Calais.
Voilà encore quelques mois, le sort de cette papeterie semblait être lié à celui d’une autre entreprise du secteur située dans le département : le site Stora Enso à Corbehem. En effet, en cas de reprise de l’usine de Corbehem, celle-ci aurait pu fournir la matière première – c’est-à-dire la pâte à papier – à la papeterie de Wizernes.
Or nous avons appris que sur le site de Corbehem, pourtant reconnu pour ses performances et la qualité de sa production, la machine 5 allait être démantelée, alors qu’elle était considérée comme l’une des plus performantes au monde. Le matériel, vendu pour 12 millions d’euros, sera remonté à Shanghai.
Cette opération laisse une impression de véritable gâchis et suscite un certain ressentiment vis-à-vis du groupe Stora Enso. Elle met fin, pour le moment, au projet de synergie des deux sites papetiers et à leur communauté de destin.
Reste à ce jour le site de Wizernes, qui demeure tout à fait opérationnel.
L’usine est en parfait état et peut facilement être redémarrée. Elle pourrait, par exemple, se tourner vers la fabrication de papiers spéciaux, comme les papiers d’emballage alimentaire, en utilisant un process innovant : la chromatogénie.
Ce nouveau procédé, mis au point par le Centre technique du papier, confère aux matériaux lignocellulosiques, notamment aux papiers et aux cartons, des propriétés de barrière à l’eau, aux corps gras et aux gaz biocompatibles.
Il s’agit d’un procédé de chimie verte exemplaire : il est sans solvant, utilise des réactifs et matières premières biosourcés, engendre très peu de produits dérivés et permet de fabriquer des matériaux au cycle de vie exceptionnel.
Cette technique de chromatogénie, produisant, j’y insiste, des matières recyclables et réutilisables à de multiples reprises, est donc très respectueuse de l’environnement. Elle permettrait d’obtenir de nouveaux matériaux concurrentiels, notamment par rapport au plastique.
Un projet de redémarrage de l’activité du site papetier de Wizernes s’appuyant sur l’exploitation de ce procédé innovant est aujourd’hui tout à fait envisageable. Une étude de faisabilité va d’ailleurs être menée, sur l’initiative des acteurs locaux, en particulier de la communauté d’agglomération de Saint-Omer, pour confirmer la pertinence de ces produits et mesurer les volumes des marchés potentiels.
C’est en se tournant vers l’innovation qu’une solution peut être trouvée pour l’usine ArjoWiggins de Wizernes.
Mon questionnement est donc simple. Quelle est la volonté de l’État s’agissant du site ArjoWiggins de Wizernes ? Quels moyens le Gouvernement compte-t-il mettre en œuvre pour accompagner le projet innovant que j’ai évoqué, susceptible de faciliter le redémarrage du site ? De manière générale, existe-t-il à ce jour d’autres repreneurs potentiels ?
L’industrie papetière a forgé l’histoire industrielle de la vallée de l’Aa. Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour faciliter et encourager tous les projets de reprise qui redonneraient espoir aux travailleurs de notre région.