Monsieur le préfet, je suis très heureux de vous accueillir ce matin devant la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, avec Monsieur Imbert, secrétaire général aux affaires régionales, Madame Balussou, adjointe au secrétaire général, et Madame Gras.
Au-delà de vos fonctions actuelles, vous avez une vraie connaissance de notre territoire national, de sa diversité, de ses atouts et de ses difficultés, puisque vous avez été préfet, en métropole et outre-mer, de sept départements et de quatre régions : la Haute-Normandie, Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes et, depuis avril 2015, l'Île-de-France.
Vous entendre sera donc pour nous très instructif car nous nous posons beaucoup de questions sur la manière d'aborder la problématique de l'aménagement du territoire aujourd'hui. Nous avons entendu, la semaine dernière, Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie, et les débats ont été riches.
Vous connaissez par ailleurs très bien les sujets qui sont au coeur des préoccupations de notre commission, puisque vous avez dirigé le cabinet de Jean-Louis Borloo, lorsqu'il était ministre d'État, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer.
Mais c'est essentiellement en tant que préfet de la région d'Île-de-France que nous souhaitons vous entendre aujourd'hui. J'ai lu un certain nombre de tribunes que vous avez écrites, qui montrent que vous avez une vision intéressante, dynamique, porteuse d'avenir sur le Grand Paris et la première région de France. Vous avez même, comme le titrait un quotidien il y a quelques mois, une « philosophie de la métropole parisienne ».
C'est sur cette vision que nous souhaitons vous entendre ce matin. Car, même si nous sommes persuadés, dans cette commission, qu'une plus grande attention doit être portée aux territoires ruraux, trop souvent abandonnés par la puissance publique, nous pensons aussi que notre capitale doit se maintenir au niveau des plus grandes capitales mondiales. Une capitale puissante peut irriguer l'ensemble du territoire français et avoir un rayonnement qui bénéficie à l'ensemble du pays.
Nous assistons à un moment-charnière pour notre capitale. Après avoir longtemps été conçue comme une ville intra-muros, Paris et l'Île-de-France doivent être appréhendées comme un vrai centre urbain, économique, intellectuel, culturel, attractif pour la création de valeurs. C'est un défi colossal pour les années qui viennent.
Or, le monde est en évolution rapide. La globalisation des échanges, la numérisation de l'économie, l'importance stratégique de la recherche et de l'innovation, l'accélération des sauts technologiques, le développement du tourisme de masse sont autant de facteurs à prendre en compte.
Le projet du Grand Paris est-il en mesure de répondre à ces grands changements ? Nous souhaiterions connaître votre diagnostic et vos suggestions.
Comment faire en sorte que l'urbanisme réponde aux aspirations de nos concitoyens ? Comment faire en sorte que les infrastructures de la mobilité de demain soient au rendez-vous ? Que les pôles de recherche, d'innovation et de compétitivité soient à la hauteur des autres pays ? Que l'attractivité culturelle de Paris, que l'on dit parfois en déclin, puisse rebondir ?
Sans bien sûr oublier les nombreux défis liés au dérèglement climatique, très prégnants dans une région comme l'Ile de France - réduction des émissions de gaz à effet de serre, développement des énergies décarbonées, du recyclage et du traitement des déchets, de la mobilité douce, des circuits courts, de l'économie locale ?
Peut-on espérer que les candidatures de Paris à l'organisation des Jeux Olympiques de 2024 et de l'Exposition universelle en 2025 seront des aiguillons favorables pour stimuler les transformations ?
Je m'en tiens dans ces premières questions introductives à la métropole de Paris mais je ne doute pas qu'après votre exposé liminaire, les autres membres de la commission auront beaucoup de questions à vous poser qui pourront aller un peu au-delà de ce périmètre.