Intervention de Jean-François Carenco

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 26 octobre 2016 à 9h30
Grand paris — Audition de M. Jean-François Carenco préfet de la région d'île-de-france

Jean-François Carenco :

Monsieur Arnell, vous avez évoqué l'outre-mer. Mes expériences à Saint-Pierre-et-Miquelon et en Guadeloupe m'ont convaincu que ce sont des territoires essentiels et de vrais sujets pour la France. On sort toujours grandi lorsqu'on réfléchit à l'outre-mer.

Monsieur Filleul, vous avez évoqué l'action face au Brexit. Je pense que nous devons mener une action coordonnée à ce sujet. Des initiatives sont prises : Christian Noyer, ancien gouverneur de la Banque de France, et Ross McIness, numéro 3 de Safran, se mobilisent pour attirer des entreprises financières et industrielles. Business France agit également. L'objectif est de créer un guichet unique à l'échelle de la région, en partenariat avec la région, la préfecture, la ville de Paris et Business France. Ce qui transparaît pour les entreprises étrangères, c'est l'importance d'une législation sociale et fiscale stable.

Sur le nombre de métropoles en France, il faut bien distinguer les métropoles institutionnelles, les grandes conurbations et les aires qui ont vocation à se métropoliser. Je ne sais pas si l'avenir de toutes les grandes villes est de se transformer en métropoles, telles que je les ai défendues précédemment.

Quant aux relations entre Paris et les autres métropoles, je pense que cela pose la question du périmètre de la région Ile-de-France. Il me semble qu'elle aurait pu être modifiée, pour intégrer certains territoires alentour, comme l'Eure. Le choix a été fait de ne pas la changer. À cette question sur la région, s'ajoutent les interrogations sur la pertinence du territoire, évoquées par Madame Jouanno. Quand on se rend à Bonnelles ou à Montereau, l'influence métropolitaine est effectivement très faible. C'est à la région de rassembler sur un territoire plus vaste.

Par ailleurs, j'entends parfois déplorer l'absence de Roissy ou de Saclay dans la métropole. Mais le rayonnement est par définition extérieur, il est donc normal que la métropole n'englobe pas tout ce qui fonctionne. Saclay n'existe pas sans la métropole et Porcheville dispose d'un avenir industriel grâce à elle, sans toutefois y être. La métropole n'a pas vocation à s'étendre sans fin, mais elle permet, et donne aux autres la capacité d'exister.

Madame Jouanno a également évoqué la question des transports, qui est un vrai sujet. Je pense qu'il ne faut pas opposer les transports partagés et les transports collectifs, les deux sont complémentaires. Il y a clairement trop de voyageurs sur certaines lignes. On ne va pas massivement désaturer Paris-Lyon ou le RER A par le covoiturage. Il faut rechercher un équilibre.

Monsieur Raison, vous avez mentionné l'activité dans les territoires ruraux. Le tourisme et l'agriculture, ce n'est pas rien. Certains territoires de Lozère le montrent. En Corrèze, il y a toute une activité de services et de commerce, y compris autour des personnes retraitées. Le télétravail permet aussi d'y vivre et d'y travailler. Mais ce n'est pas là que s'invente la production de demain. Pour créer de la richesse, il faut être dans une zone dense, caractérisée par des échanges. Inventer le monde suppose d'être nombreux et divers. Je pense par ailleurs au retour à la mode de la ruralité, qu'il ne faut pas négliger. Les différents territoires n'ont pas la même vocation au sein de la nation.

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