Intervention de Jacques Gautier

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 22 juin 2016 à 16h17
Schéma national d'intervention — Audition de M. Bernard Cazeneuve ministre de l'intérieur

Photo de Jacques GautierJacques Gautier :

Monsieur le ministre, permettez-moi de reprendre l'introduction de Michel Boutant à mon compte. Nos unités de sécurité intérieure comme nos militaires sont engagés au quotidien et dans la durée sous la responsabilité de votre ministère et nous voulons, au nom de la représentation nationale, leur rendre hommage, saluer leur engagement et leur courage, mais aussi leur sang-froid, qui a permis d'éviter bien des problèmes.

Monsieur le ministre, le schéma national d'intervention est aussi essentiel que la doctrine d'emploi des armées.

Cependant, les grandes villes restent, qu'on le veuille ou non, les zones les plus difficiles, les plus sensibles, car tous les risques s'y concentrent. Nos policiers et nos gendarmes interviennent quotidiennement au titre de Vigipirate renforcé, pour encadrer des manifestations, pour protéger les enceintes sportives, et, de ce point de vue, l'Euro 2016 vient aggraver les problématiques liées aux mobilisations de ce type, notamment avec les hooligans. Mais ils sont mobilisés également pour les inondations qui nous ont frappés. Et il leur faut en même temps continuer à assumer et à assurer la sécurité des Français au quotidien !

Nos compatriotes ont de ce fait le sentiment de passer un peu au second plan, tellement les forces sont concentrées sur ces problématiques majeures des grands risques.

On voit bien que la machine est en surchauffe et que cela ne pourra pas durer éternellement à ce niveau-là. On nous dit qu'après l'Euro et le tour de France on devrait retrouver une situation moins tendue pour les forces de l'ordre. On l'espère !

Je constatais avec mes collègues qui s'intéressent à la défense que vous avez dû à nouveau faire appel à Sentinelle et aux militaires pour assurer la sécurité des ambassades, en dégageant les forces de police pour d'autres tâches, et on le comprend. Nous savons bien cependant que la garde statique n'est pas le coeur de métier de nos militaires, surtout pas dans la durée ; vous l'aviez indiqué à Matignon lors d'une réunion à laquelle je participais. Vous avez compris la nécessité d'amener le dispositif vers des rondes aléatoires, donc vers plus de dynamique, pour que ces militaires puissent être utilisés dans toute leur valeur ajoutée, et pas comme de simples subalternes des forces de sécurité.

On en revient malheureusement, dans la période actuelle, à cette garde statique, et la grogne commence à se faire entendre sur le terrain. Certes, cela concerne davantage votre collègue Jean-Yves Le Drian, mais on sent bien que, même au sein de la Grande muette, ce ne sont pas les 200 euros supplémentaires par déploiement de Sentinelle qui vont régler le problème.

Attention, on tire trop sur la corde, et les militaires commencent, eux aussi, à approcher de la saturation.

En face de cela, on voit bien que les gardes nationales, chères au Président de la République, ou la montée en puissance des réserves prendront du temps, beaucoup trop de temps avant que vous puissiez en disposer.

Les gardes statiques ne pourraient-elles pas être confiées dans certains cas, je pense aux bâtiments commerciaux, à des sociétés de surveillance, qui pourraient être armées pour l'occasion, sur le modèle de ce qui est fait pour les convoyeurs de fonds ? La société qui assure la protection du ministère de la défense, à Balard, n'est pas armée. C'est la même qui assure la sécurité de l'OTAN à Bruxelles et, là, elle est armée ! On pourrait sans doute trouver une piste dans cette direction.

Je reviens sur les récents débordements auxquels ont été confrontées les forces de l'ordre. Aux environs de l'hôpital des enfants malades, l'hôpital Necker, de nombreux policiers auraient été blessés, agressés physiquement et même menacés dans leur vie. J'ai des retours de médecins qui les ont soignés et traités : on en arrive presque à une problématique post-traumatique, nos forces ayant été confrontées à la colère, notamment, de membres du service de sécurité d'un syndicat.

Quelles mesures pouvez-vous prendre pour rétablir la confiance chez les policiers et gendarmes, qui sont usés et qui commencent à s'inquiéter pour leur vie ?

Je tiens à saluer de nouveau les policiers et gendarmes pour leur sang-froid, car ils ont su tenir dans des conditions comme celles-là, mais pour combien de temps, Monsieur le ministre ?

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