Intervention de Audrey Azoulay

Réunion du 27 octobre 2016 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Grève à itélé

Audrey Azoulay, ministre de la culture et de la communication :

Monsieur Assouline, le conflit à iTélé dépasse largement le cas de cette seule chaîne de télévision. Il s’agit de questions d’éthique, d’indépendance et de liberté.

Ce conflit révèle trois problèmes, que les pouvoirs publics, chacun à leur niveau, essayent de résoudre.

Pour moi, le sujet central, c’est celui de l’indépendance des rédactions par rapport aux intérêts des annonceurs et des actionnaires.

Vous avez vous-même pris des initiatives sur ce sujet depuis 2009, et nous devons collectivement non seulement aux journalistes, mais aussi au grand public des garanties à cet égard. Une proposition de loi visant à renforcer ces garanties, texte cosigné notamment par Patrick Bloche, vient d’être votée par l’Assemblée nationale, malheureusement sans le soutien de la majorité sénatoriale, ce que je regrette.

D’ici au 1er juillet 2017, chaque journal, chaque chaîne de télévision, chaque radio devra se doter d’une charte de déontologie qui sera négociée avec les journalistes, et c’est précisément ce que réclament aujourd'hui les salariés d’iTélé.

Aux termes de la loi, un comité d’indépendance veillera à l’honnêteté de l’information. La protection des sources des journalistes sera mieux assurée et les lanceurs d’alerte protégés.

Ce conflit révèle aussi une forme de dérive dans la conception de ce que doit être une chaîne d’information. Ce n’est pas au Gouvernement de dire si tel animateur a sa place dans une chaîne d’information, mais c’est, en revanche, au CSA de dire si iTélé respecte les termes de la convention qui fixent le format de la chaîne et en contrepartie desquels une fréquence hertzienne lui a été attribuée. Le CSA a été officiellement saisi et il a commencé l’instruction du dossier.

Enfin, les voies normales du dialogue n’ont pas été respectées, ce qui pose un problème au regard du droit du travail. La clause de conscience, dispositif spécifique qui vise à protéger les journalistes, ne doit pas être instrumentalisée. C’est donc un travail de médiation sociale qui a été mis en place à ma demande et à celle de Myriam El Khomri. La direction régionale du travail est sur place et elle y restera pour renouer le dialogue.

Pour conclure, vous le constatez, il s’agit d’enjeux de société majeurs, pour lesquels nous nous engagerons jusqu’au bout, en respectant l’indépendance des journalistes par rapport au pouvoir politique, mais en leur donnant, avec le droit, les moyens de se prémunir contre les dérives et de conserver la confiance du public.

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