Nous partageons naturellement cette légitime curiosité, mais nous désapprouvons la publication de cette information dans un journal. Je pense qu'il y a là une faute grave.
Il y a en fait deux fautes, l'une qui réside dans le fait que le secret Défense ait été éventé, c'est-à-dire qu'une source ait parlé à la journaliste, l'autre qui relève de la journaliste elle-même. Il ne s'agit pas d'une journaliste inexpérimentée en matière de défense. Elle a des liens très fins avec l'ensemble de nos forces armées - ministère, DGA, industriels. Le choix qu'elle a fait de publier cette information, qui met naturellement nos forces en difficulté sur le terrain, nous place également en position délicate vis-à-vis du pays en question et constitue donc une lourde responsabilité.
Je veux bien que l'on informe le Parlement, mais la DGSE est présente dans un très grand nombre de pays sous une forme clandestine, et il n'y a pas à en connaître ! S'agissant des forces spéciales, c'est effectivement plus discutable, puisque ce sont des forces armées mais, pour autant, je vous renvoie à notre rapport sur celles-ci : nous avons très largement évoqué le fait que ces interventions étaient par nature très discrètes, en particulier lorsqu'il s'agit d'évaluer l'environnement. Je pense donc qu'il convient d'être prudent, tout en respectant le formalisme prévu par la Constitution.
Notre travail sur les OPEX nous permettra précisément d'affiner la doctrine d'utilisation de l'article 35, y compris au plan juridique. Cela me paraît tout à fait naturel. En revanche, je pense que, sur cette question de la Libye, il faut laisser les choses se faire dans la discrétion, sans publier d'informations outre mesure, et donc dépasser un peu le formalisme. Le ministre de la défense a d'ailleurs eu raison de déposer une plainte contre cette rupture du secret Défense !