Elles le sont. Ils existent également des confédérations tribales, comme les Hasheds ou les Bakils. Ces tribus sont assez peu idéologisées, ce qui a pour l'instant freiné l'arrivée de Daech ou d'éléments importés d'autres pays, mais elles peuvent se vendre aux plus offrants. L'Arabie saoudite et la coalition sont en ce moment en train d'essayer de soudoyer des tribus pour lutter contre Ali Abdallah Saleh et contre les Houthis. Mais si la « diplomatie du chéquier » peut être utile, elle a cependant parfois ses limites.
En outre, Ali Abdallah Saleh a, durant trente-trois ans, accumulé un trésor de guerre compris entre 30 milliards et 60 milliards, selon les estimations. Même s'il fait l'objet de sanctions internationales, il a encore de quoi alimenter la loyauté de certaines tribus !
Je le répète : la meilleure façon pour la France de se préparer aux évolutions de la situation du Yémen est d'être consciente de ce qui s'y passe. Je compte sur vous, Mesdames et Messieurs les sénateurs. C'est un conflit dont on ne parle pas parce qu'il n'existe pas d'images, et qui pâtit des autres priorités figurant à l'agenda international, comme l'Irak, la Syrie, la Libye et bientôt peut-être encore d'autres pays. Le Yémen vient toujours en troisième, quatrième ou cinquième position, et on l'oublie parfois un peu... Le risque, si les choses continuent de la sorte, c'est qu'elles nous reviennent en boomerang d'ici deux à trois ans. Les premières victimes, au-delà de la population yéménite, seront la corne de l'Afrique et les pays du Golfe.