Intervention de Jean-Marc Grosgurin

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 2 mars 2016 à 10h30
Audition de M. Jean-Marc Grosgurin ambassadeur de france au yémen

Jean-Marc Grosgurin, ambassadeur de France au Yémen :

Djibouti essaye de rester neutre. Elle a une politique d'accueil des migrants yéménites plutôt intelligente. J'ai rencontré le ministre des affaires étrangères l'été dernier. N'ayant pas les moyens d'accueillir ces populations, il craignait un mouvement incontrôlé et un afflux massif en cas de totale dégradation de la situation, ainsi qu'un risque pour la sécurité dans les camps. Le camp d'Obock, où devait aller une grande partie des réfugiés, dont des Yéménites, est situé au nord de Djibouti et connaît des conditions invivables, balayées par les vents, sous une chaleur et dans une humidité intense, à tel point qu'un mouvement de reflux s'est même amorcé.

Pour l'instant, les choses restent sous contrôle. Djibouti est prête à jouer un rôle dans les pourparlers, mais l'accueil est compliqué à cause des questions sécuritaires et logistiques. Si l'on arrive à convaincre les uns et les autres de faire un geste, dans la perspective d'application graduelle de la résolution 2216, et que l'on met en relation les acteurs les plus conciliants, avec un mandat suffisant, on pourra parvenir à mettre en place un troisième cycle de négociations, en Suisse ou ailleurs.

La France a l'avantage, dans ce conflit, de parler à tout le monde, à la fois aux islamistes, aux autorités légitimes, au fils du président Saleh et aux représentants Houthis. On essaye de passer les messages qu'il faut. Il faudra aussi certainement parler aux Saoudiens et demander aux Iraniens de calmer les Houthis - même si ce n'est pas simple. Les Iraniens souhaitent à présent réintégrer la communauté internationale, et se refaire une « virginité diplomatique ». Sur le Yémen, ils peuvent jouer un rôle intéressant. Pourquoi pas ?

Pour leur part, les Saoudiens doivent être conscients que si les choses continuent ainsi, ils n'auront pas le Hezbollah « à la mode yéménite », mais Daech, ce qui sera peut-être pire, parce qu'ils en seront l'une des cibles principales.

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