Plusieurs questions ont porté sur les projections financières à moyen et long terme de l'enseignement supérieur et de la recherche. Est-il raisonnable d'escompter des augmentations de financements de la part de la nation ? Devons-nous mettre en place des financements alternatifs, par exemple en demandant davantage aux étudiants eux-mêmes ?
Ma position est très claire et s'appuie notamment sur les conclusions de l'OCDE, qui estime qu'un diplômé français rapporte 70 000 euros nets à la nation sur l'ensemble de sa carrière professionnelle. Le « retour sur investissement » est plus élevé en France que dans la moyenne des pays de l'OCDE et ce solde nettement positif justifie pleinement que la nation fasse cet investissement.
Cela pose d'ailleurs la question de la caractérisation de ces dépenses au niveau européen. Faut-il changer les règles qui les classent en dépenses de fonctionnement, ce qui pèse sur le déficit, plutôt qu'en investissement ? Personnellement, j'y suis favorable, mais la décision relève des 28 États membres, qui seront peut-être 27 prochainement...
En tout cas, il revient bien à la nation de financer ce type de dépenses de manière durable. Je suis persuadé que la puissance française repose largement sur la qualité de son enseignement supérieur et de sa recherche. Pensez aux satellites que nous lançons, à l'arme nucléaire, aux réflexions sur le climat dans nos laboratoires, aux attributions de prix Nobel, à notre système de santé qui se situe à la pointe, etc. !
Un nouveau cycle s'ouvre au niveau international, où le mouvement de réinvestissement dans le système est important. On le voit bien aux États-Unis ou en Grande-Bretagne.
Pour autant, nous devons réfléchir au modèle économique de nos universités et la stratégie de développement des ressources propres, qui sont aujourd'hui insuffisantes, est très importante. Nous devons par exemple travailler sur les questions de valorisation et sur la formation continue.
Le modèle doit donc évoluer, mais pas par une augmentation des droits d'inscription. Plusieurs études publiées ces dernières années montrent que, lorsqu'une augmentation des droits d'inscription est annoncée, le taux de scolarisation des couches les plus fragiles de la population baisse, comme si elles s'autocensuraient.
En ce qui concerne l'enseignement supérieur privé, je rappelle que les EESPIG bénéficient désormais d'un label, qui reconnaît leur spécificité et leur apport au système. Leurs crédits ont suivi les mêmes règles de progression que les autres établissements et, en 2017, ils bénéficieront de leur part de l'augmentation du budget.
M. Grosperrin m'a aussi parlé d'un budget qui serait électoraliste... Si je vous avais proposé le même budget qu'en 2016, vous auriez - à juste titre - hurlé ! Plus qu'un signal, nous avons réussi à obtenir un effort considérable. Et quand je dis « nous », c'est une oeuvre collective, car Najat Vallaud-Belkacem m'a beaucoup soutenu dans les différentes démarches qui ont été nécessaires.
À Mme Gillot, je rappellerai d'abord que les PIA présentent l'avantage d'être extrabudgétaires, donc intangibles pour la période d'attribution. Certains crédits du PIA 1 ont été pérennisés et 700 millions d'euros sont prévus dans le PIA 3 pour soutenir ces investissements, cette enveloppe sera prochainement affectée.
Je peux aussi vous dire que la collaboration est très étroite entre le ministère et le commissariat général à l'investissement, qui est rattaché au Premier ministre. Un travail de qualité a été réalisé au sujet des outils de valorisation et pour préparer le PIA 3 ; il est clair qu'il ne peut pas y avoir deux stratégies. Bien sûr, il reste des marges de progression, en particulier pour mieux faire comprendre au jury du PIA 2 les spécificités de l'organisation du système universitaire français et ses pesanteurs institutionnelles. Nous sommes d'accord sur la destination, pas toujours sur le chemin...
En ce qui concerne la difficulté des entreprises à décrypter le système, je pourrais vous dire que, si elles voulaient bien comprendre, il leur suffirait d'embaucher des docteurs...