Nous sommes donc d'accord, il faut élucider ce mystère.
Vous avez noté que les crédits de l'Agence nationale de la recherche repartent à la hausse, mais il est vrai qu'il nous faudrait atteindre le milliard d'euros. L'homologue allemande de l'ANR dispose d'un budget de 2 milliards, mais l'organisation n'est pas la même. Pour mesurer le niveau qui est nécessaire, il faut plutôt réfléchir en termes de taux de sélection des projets : 20 %, cela permet de fonctionner correctement. Et c'est ainsi qu'à terme, nous devrions atteindre un budget de 1 milliard.
Au sujet du programme 172 évoqué par Mme Létard, les crédits permettent de financer une partie des contributions aux organismes internationaux, d'ajuster la contribution aux très grandes infrastructures de recherche, de consolider les mesures liées la fonction publique, d'abonder l'enveloppe destinée à l'ANR, de maintenir le niveau de recrutement aux concours scientifiques du CNRS, d'affecter 17,4 millions de plus pour les contrats de plan État-région et de couvrir d'autres sujets particuliers. La progression ne concerne donc pas uniquement des dépenses liées à la fonction publique.
En ce qui concerne le maillage territorial, il est en effet indispensable d'aider des universités de qualité qui n'ont pas été sélectionnées comme initiative d'excellence, ou I-Site. Nous disposons, dans plusieurs villes moyennes, d'équipes universitaires et scientifiques de très bonne qualité. Dans le PIA 3, 300 millions d'euros seront consacrés à des écoles universitaires de recherche, pour permettre de mieux « mailler » le territoire. Dans le même ordre d'idées, les communautés d'universités et établissements (COMUE), qui ont connu de premières années fastidieuses, prennent maintenant leur essor et des coopérations, parfois spectaculaires, s'ébauchent.
Un maillage territorial dense est de l'intérêt de notre pays. C'est ce que montre une étude de France Stratégie d'avril 2016 sur les déterminants de la mobilité sociale en France. La facilité d'accès à l'enseignement supérieur et la proximité des établissements constituent des facteurs structurants, plus par exemple que la densité du tissu économique.
Mme Gonthier-Maurin m'a interrogé sur la question de la précarité. Durant ce quinquennat, nous avons réussi à arrêter la dégradation de la répartition de nos effectifs entre, d'une part, les fonctionnaires et les CDI, d'autre part, les autres contractuels. Désormais, nous sommes à trois quarts pour la première catégorie et un quart pour la seconde. Sachez que cette part de fonctionnaires et CDI est très élevée par rapport aux autres pays. Il reste toujours des choses à améliorer, mais le nombre de chercheurs, 9 pour 1 000 habitants, est supérieur en France à la moyenne de l'OCDE comme à celui de l'Allemagne.
Il faut aussi savoir définir la précarité avec précision. Ainsi, les contrats doctoraux sont des CDD, mais il ne s'agit pas de précarité et 53 % des docteurs sont en CDI dans les cinq ans qui suivent leur thèse.
J'ai bien entendu votre alerte, Mme Gonthier-Maurin, concernant le versement des bourses. Je n'ai pas eu la même remontée d'informations, mais je vais demander une analyse précise.
M. Dupont m'a interrogé sur le report des engagements pris dans le domaine du logement des étudiants : 42 607 places sont aujourd'hui engagées, ce qui signifie qu'elles sont soit livrées, soit en chantier. À la fin de 2016, nous atteindrons 26 840 places, soit 67 % de l'objectif.
En ce qui concerne les classements internationaux, on ne peut que constater que l'enseignement supérieur et la recherche sont des univers exposés à la compétition internationale ; désormais, les comparaisons sont worldwide. Tous les établissements mettent en oeuvre des stratégies de développement international. On peut penser ce qu'on veut de ces classements, mais on ne peut pas faire comme s'ils n'existaient pas. La place que la France y occupe est très importante, car elle affecte l'image de notre pays. Je ne me réjouis donc pas des évolutions récentes, puisque notre position s'érode un peu. J'ai bon espoir que les structurations en cours permettent d'améliorer la situation, mais il faut aussi que les établissements connaissent les modalités d'élaboration de ces classements pour mieux répondre aux différents critères. J'ai donc lancé une mission à ce sujet, elle doit élaborer très rapidement un vade-mecum qui sera à la disposition des établissements.