Intervention de Yves Pozzo di Borgo

Réunion du 8 novembre 2016 à 14h30
Statut de paris et aménagement métropolitain — Article 16

Photo de Yves Pozzo di BorgoYves Pozzo di Borgo :

Permettez-moi de faire un rappel historique. La loi PLM a été voulue par Gaston Defferre, en 1983, pour une simple raison. Paris était alors dirigé par Jacques Chirac, Lyon par un centriste nommé Francisque Collomb et Marseille par le ministre de l’intérieur. Or celui-ci savait très bien qu’il risquait d’être battu aux élections municipales de 1983. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit : dès le premier tour, M. Gaudin est arrivé, en nombre de suffrages, devant M. Defferre. Voilà pourquoi ce dernier a inventé un système où ce sont, non plus les électeurs, mais les conseillers d’arrondissement qui élisent le maire de la ville.

Par ailleurs, les problèmes de Marseille et Lyon ne sont pas les mêmes que ceux de Paris. En effet, Paris est longtemps resté une ville dirigée par des préfets. Elle en a gardé un comportement préfectoral. Vous le savez très bien, monsieur Assouline, car vous êtes élu de Paris.

Prenons l’exemple du VIIe arrondissement. Cet arrondissement dispose d’un plan de sauvegarde et de mise en valeur, auquel nous travaillons depuis longtemps. Nous avons protégé notre arrondissement, pour éviter que les agents immobiliers ne cassent tout, qu’ils ne démolissent les hôtels particuliers pour construire d’énormes immeubles. Nous sommes parvenus à bloquer une telle évolution.

Or voici qu’un jour débarque Mme Hidalgo, accompagnée de M. Valls, après n’avoir prévenu la maire d’arrondissement que la veille. Et Mme Hidalgo annonce quel sera le nouveau plan de sauvegarde du VIIe arrondissement, sans nous avoir consultés ! Excusez-moi, mais est-ce cela, la démocratie ?

Certes, je fais ce reproche à Mme Hidalgo, mais tous les maires de Paris, depuis l’origine, ont eu ce comportement. La tradition est de gérer Paris comme les préfets le faisaient. Tel n’est pas le cas à Marseille ou à Lyon, car la démocratie a toujours fonctionné dans ces villes. Le problème n’est pas le fait de Mme Hidalgo ou de Jacques Chirac : il réside dans l’extrême centralisation du système parisien, qui a conservé la culture préfectorale de grande puissance des administrations. Par conséquent, la démocratie n’existe pas.

Je veux vous rappeler certains chiffres. Le budget de la Ville de Paris s’élève à 8, 5 milliards d’euros. Or le budget total des vingt mairies d’arrondissement n’est que de 148 millions d’euros. Rappelons que l’un d’entre eux, le XVe, est plus peuplé que Bordeaux ! Les arrondissements n’ont ni argent, ni compétences, ni moyens. Pour autant, pour les habitants, leur véritable maire, c’est bien le maire d’arrondissement et non pas le maire de Paris. Dès lors, ce n’est pas trop demander que de leur permettre de donner leur avis sur l’urbanisme ! Ce n’est pas vous, qui vous battez pour la proximité, qui pourrez dire le contraire !

Par conséquent, je soutiens bien évidemment l’amendement de M. le rapporteur.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion