Depuis plusieurs semaines, et en particulier au cours des derniers jours, la situation en Turquie évolue de façon préoccupante. Des journalistes, douze députés du HDP, des maires de grande ville, dont celui de Diyarbakir, sont arrêtés, victimes d’une répression injustifiée.
Nous avons condamné la tentative de coup d’État du 15 juillet et la Turquie a le droit de se défendre contre ses auteurs.
De même, la Turquie est la cible du terrorisme, qu’il vienne de Daech ou du PKK, et, comme nous, il est normal qu’elle lutte contre les groupes terroristes, mais dans le respect de l’État de droit et en adoptant des mesures proportionnées.
Ce n’est manifestement pas le cas des mesures prises depuis quelque temps, en particulier la semaine dernière, lorsque la répression s’abat sur des journalistes ou des députés turcs kurdes du HDP, qui ne sont mêlés ni au coup d’État ni aux attentats terroristes.
C’est pourquoi, avec nos partenaires de l’Union européenne, nous avons clairement dénoncé cette situation et je recevrai demain, au Quai d’Orsay, le journaliste turc Can Dündar, ancien rédacteur en chef du quotidien turc Cumhuriyet et défenseur de la liberté d’expression.
Avec nos partenaires européens, nous voulons maintenir le dialogue avec les autorités turques. Ce dialogue exigeant et franc est nécessaire, car la Turquie est un partenaire stratégique pour l’Europe dans la lutte contre le terrorisme, pour faire face à la crise des réfugiés et pour apporter des solutions aux crises régionales, en particulier à la guerre en Syrie. Toutefois, ce dialogue doit s’inscrire dans notre appartenance commune au Conseil de l’Europe, qui implique le respect de certaines valeurs.
Nous devons donc dire à la Turquie que c’est en respectant l’État de droit et les principes auxquels elle a souhaité adhérer qu’elle parviendra à faire face aux menaces qui pèsent sur elle et qu’elle jouera pleinement son rôle stratégique sur la scène internationale, et non en tournant le dos aux principes auxquels elle a elle-même adhéré.