Il y a là un débat qui s’invite : où placer la question de la pollution et de ses dégâts dans la hiérarchie des priorités pour les décennies qui viennent, une question qui concerne en particulier les grandes villes ?
On le verra, dans dix ans, tout le monde y sera. Je suis de ceux qui pensent que c’est l’enjeu majeur.
Voilà longtemps que j’habite à Paris. J’ai eu des enfants à différentes époques. Je peux vous assurer que les problèmes respiratoires du premier sont minimes. Ceux du deuxième sont assez lourds. Quant au troisième, il est dans la même situation que tous les autres mômes. Je ne cite pas des chiffres ni des enquêtes. Je vous parle de ce que je vois autour de moi au quotidien. C’est un problème majeur, qui est à la base de tout. On peut avoir des désaccords sur tout ce que l’on veut, mais là, c’est la vie des gens.
Toutes les villes, dans cette situation, ont réagi, en interdisant la circulation automobile en centre-ville, par exemple. Et là, vous voulez qu’une autoroute passe dans le centre-ville. §C’est incroyable !
Bien sûr que les embouteillages créent de la pollution ! §À partir du moment où on change un passage, ceux qui gardent leurs habitudes vont forcément commencer par embouteiller. C’est un débat que nous avons déjà eu au sujet des voies de bus à Paris. Je m’en souviens, c’était la même chose, on nous prédisait l’apocalypse. Tout était engorgé puisque nous supprimions une voie là où il y en avait deux ou trois. Et les automobilistes n’en pouvaient évidemment plus. On nous disait que la situation était catastrophique rue de Rivoli, qu’il y avait encore plus de pollution. Et puis, les choses ont complètement changé, car ceux qui prenaient leur bagnole ont fini par comprendre : à force d’être coincés dans des embouteillages et de perdre leur temps, ils se sont dit qu’ils pouvaient prendre un autre moyen de locomotion.
Il y a, en parallèle, Autolib, qui est très performant. Il y a les voitures électriques, qui vont arriver. Il y a les transports de banlieue à banlieue, qui éviteront d’avoir à traverser Paris pour aller de banlieue à banlieue et les choses vont se réguler.
Si on n’a pas le courage de faire bouger les choses, alors, on continue de s’enfoncer. Paris existait bien avant cette autoroute qui la traverse et qui résulte d’un projet pompidolien. Eh bien, on va revenir en arrière et je peux vous assurer que cela ne sera pas l’apocalypse car tout le monde sera content de récupérer ces voies pour les piétons ! Je pense même et peut-être d’abord aux banlieusards, qui viendront se promener là et qui seront contents de profiter en famille d’un environnement agréable.