Intervention de Michel Le Scouarnec

Réunion du 15 novembre 2016 à 9h30
Questions orales — Crise du secteur agricole

Photo de Michel Le ScouarnecMichel Le Scouarnec :

L’agriculture est toujours en crise, et nos territoires ruraux, comme le Morbihan, en paient le prix fort. Élevages, grandes cultures, fruits et légumes, apiculture, etc. : partout, dans nos campagnes, des hommes et des femmes se retrouvent plongés dans des situations souvent graves.

La mauvaise tenue des prix met en jeu des dizaines de milliers d’emplois. Certes, le Gouvernement a pris la mesure de l’urgence de la situation, annonçant plusieurs plans d’aide et de soutien. Certaines dispositions, comme l’année blanche bancaire, le décalage des cotisations sociales, le dégrèvement de la taxe foncière sur les propriétés non bâties, le remboursement de la TVA, l’avance de trésorerie remboursable ou les mesures d’accompagnement social, étaient très attendues par le monde agricole. Il s’agit là d’une juste reconnaissance des difficultés, mais en aucun cas d’un gage d’avenir.

En l’absence de régulation, les tenants de l’ultralibéralisme mondialisé continuent à gérer les denrées alimentaires sur fond de spéculation permanente dans les salles de marché. Le prix de la tonne de blé tendre rendue au port de Rouen pour l’exportation était de 162 euros le 28 octobre 2016, montant identique à ceux enregistrés en octobre 2015 et en octobre 2014.

Aux difficultés des céréaliers s’ajoutent celles des producteurs de lait, de viande bovine ou de viande de porc. Le prix des 1 000 litres de lait peine à atteindre 300 euros au départ de la ferme. À ce prix, on ne gagne pas sa vie en assurant la traite des vaches deux fois par jour. Il faut savoir que 30 % des paysans ont dégagé en 2015 un revenu annuel inférieur à 4 250 euros, soit moins de 400 euros par mois. Quand on en est là, il faut vivre à crédit !

L’agriculture ne suscite plus de vocations en Bretagne : la région perd 1 000 agriculteurs chaque année. Par ailleurs, 50 % des producteurs, notamment laitiers, partiront à la retraite dans les dix prochaines années, et 1 780 agriculteurs ont déjà cédé leur exploitation en 2015, alors que le coût moyen de l’installation, pour un jeune, est de 534 000 euros. De ce fait, l’endettement augmente, ce qui complique ensuite la sortie de crise.

Dans ce contexte, comment pouvez-vous justifier la ratification par le Gouvernement des accords de libre-échange qui permettront aux États-Unis et au Canada de nous inonder de viande bovine et porcine et de volailles dont nous n’avons nul besoin ?

Cette crise agricole ruine les paysans pour n’enrichir que des spéculateurs, tout en aggravant le bilan carbone de l’agriculture, alors qu’il devient impératif de réduire les distances entre la ferme et l’assiette.

Monsieur le secrétaire d’État, nous attendons l’engagement d’une réflexion de fond qui permette de repenser le système entier, pour accompagner ces travailleurs de la terre vers une agriculture qui leur assure un revenu décent et stable et leur redonne espoir en l’avenir.

Où en est aujourd’hui le Gouvernement dans ses propositions en vue de l’instauration d’une nouvelle PAC susceptible d’apporter régulation de la production et garantie des revenus ?

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