Ma question s’adresse à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, s’il fallait un symbole pour montrer à quel point le président turc s’est engagé sur le chemin de l’autocratie, le chantage au référendum sur le processus d’adhésion d’Ankara à l’Union européenne, brandi lundi dernier, en est une triste réalité.
Si l’on dresse la liste des décisions et des lois adoptées ainsi que des transformations accomplies depuis la tentative de coup d’État militaire du 15 juillet dernier, il y a manifestement de quoi s’inquiéter…
En effet, au nom de la lutte nécessaire contre les putschistes, plus de 100 000 fonctionnaires ont été limogés, 109 organes de presse ont été fermés, avec confiscation de leurs biens, et 4 200 associations de même que 500 entreprises ont été placées sous tutelle.
Parallèlement, dans le cadre de l’état d’urgence, le gouvernement turc a accentué sa campagne d’arrestations massives de tous ceux qui appartiennent à la confrérie güleniste, tandis que la levée de l’immunité parlementaire de 148 députés a permis l’arrestation de dix d’entre eux, dont les deux coprésidents du parti HDP, pro-kurde, le 4 novembre dernier.
Au total, plus de 45 000 personnes ont été ainsi interpelées, et il est question de rétablir la peine de mort…
Le quotidien turc Hürriyet résumait bien l’ambiance dans le pays en titrant récemment : « La Turquie a peur ».
Certes, monsieur le ministre, nous comprenons les réalités de la diplomatie vis-à-vis d’un pays membre du Conseil de l’Europe et de l’OTAN, dont les échanges avec la France sont loin d’être négligeables, et qui a signé avec l’Union européenne, le 18 mars dernier, un accord sur la crise des migrants.