Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, vous m’excuserez de m’exprimer de façon générale sur l’article 1er, mais j’aimerais insister sur ce que ce texte représente pour la Nation, et plus particulièrement pour les outre-mer, à savoir une avancée considérable.
Moi qui ai été président de la Guyane pendant dix-huit ans, je puis témoigner du chemin chaotique qui a été parcouru, des embuscades et des obstacles que l’on a dressés devant nous pendant plusieurs décennies !
Nos territoires ont souvent souffert d’être considérés comme des acteurs de second plan, des cautions exotiques, dans le cadre de la construction des relations diplomatiques de la France avec leurs voisins directs.
Des formes de coopération ont bien fini par émerger. Cependant, des obstacles importants subsistent, en particulier pour les collectivités régies par l’article 73 de la Constitution. C’est d’ailleurs le sens et la portée de la proposition de loi de mon ami et collègue Serge Letchimy.
Ce texte constitue une étape extrêmement importante. Il marque tout d’abord un changement de paradigme : la République comprend une réalité, selon laquelle l’émancipation et le développement des outre-mer passent nécessairement par une meilleure intégration régionale.
Il traduit ensuite une ambition : placer nos territoires sur le chemin de la coopération économique. Dans cette perspective, nous devons trouver des solutions pour libérer les échanges commerciaux, aujourd’hui totalement étouffés par les normes européennes, ce dont nombre de ceux qui étaient hier dans cet hémicycle peuvent témoigner. Je tiens d’ailleurs à saluer la proposition de résolution européenne déposée au nom de la délégation sénatoriale à l’outre-mer, qui pointe avec bon sens l’inadaptation des normes agricoles et de la politique commerciale européenne aux régions ultrapériphériques.
Enfin, ce texte porte un espoir : mobiliser la jeunesse et les énergies de nos territoires. Vous le savez, j’invite régulièrement mes collègues de l’Hexagone à venir en Guyane. À chaque visite, tout le monde atteste de l’énergie que l’on y trouve. En effet, tout au long des centaines de kilomètres de frontières que la Guyane partage avec le Brésil et le Surinam, les énergies sont déjà en action et les échanges sont permanents. Nous avons même un pont franco-brésilien, qui attend d’être inauguré depuis 2011…