Intervention de Gérard Mestrallet

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 23 novembre 2016 à 9h05
Audition de Mm. Alain Grandjean et gérard mestrallet sur les conclusions du rapport sur le prix du carbone remis à Mme La Ministre de l'environnement de l'énergie et de la mer chargée des relations internationales sur le climat

Gérard Mestrallet, président du conseil d'administration d'Engie :

Nous sommes fondamentalement, monsieur Dantec, en faveur de mesures européennes. Notre proposition d'un corridor de prix du carbone, de 20 à 30 euros en 2020, s'appliquerait en Europe et donc en France, sur le charbon français.

En ouverture de la conférence environnementale, le Président de la République a annoncé une taxe portant exclusivement sur la production d'électricité à partir d'énergies fossiles en France, soit le charbon et le gaz. Il nous a semblé immédiatement que, compte tenu du prix sur le marché européen du carbone, à 5 euros, c'est le charbon qui est rentable et non le gaz. Une taxe de 30 euros applicable aux deux sources d'énergie mettait à bas toutes les centrales à gaz françaises, soit le contraire de ce qui est souhaitable : ce sont les centrales à charbon qu'il faut clore - dans le monde, Engie a fermé l'équivalent de quinze centrales nucléaires, en termes de puissance.

Les centrales à gaz sont indispensables à la sécurité de l'approvisionnement, mise en péril s'il n'y a ni soleil ni vent. En revanche, les centrales à charbon ne représentent que 6 % de la production d'électricité française, habituellement surcapacitaire. Une mesure fiscale en ce sens, d'origine parlementaire, a été rejetée par le Gouvernement pour cause de risques sociaux. C'est à l'échelon européen que l'on peut progresser, et non en bilatéral. La France et l'Allemagne peuvent encourager l'idée d'un corridor mais non en décider seules. Le prix européen est homogène dans l'Union ; tous les pays appliquent le système ETS. Ne gâchons pas cela. Le patron de Centrica, première entreprise britannique d'énergie, membre du groupe Magritte, encourage lui-même le Royaume-Uni à rester dans le cadre de l'ETS, malgré le Brexit.

Un mot sur le mécanisme de capacité. La proposition du gouvernement français a été étudiée par la Commission européenne pour vérifier s'il y avait ou non aide d'État. Finalement, la Commission l'a validé en formulant quelques recommandations, notamment la possibilité de prendre en compte, en faveur de laquelle, chez Engie, nous plaidions, les capacités dans les pays voisins - ce qui a été accepté par les autorités et RTE.

C'est au niveau européen qu'il faut pousser les feux. Le calendrier de révision de la directive ETS fait que notre proposition ne pourra l'être dès à présent, mais il faudra s'y atteler pour l'avenir.

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