Intervention de Gérard Mestrallet

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 23 novembre 2016 à 9h05
Audition de Mm. Alain Grandjean et gérard mestrallet sur les conclusions du rapport sur le prix du carbone remis à Mme La Ministre de l'environnement de l'énergie et de la mer chargée des relations internationales sur le climat

Gérard Mestrallet, président du conseil d'administration d'Engie :

Mme Herviaux a parfaitement raison, tous les acteurs sont concernés. Le monde de l'énergie, qui a peu évolué pendant cinquante ans, est confronté à une triple révolution. Révolution technologique, avec le photovoltaïque, la biomasse, l'éolien, les micro-pompes à chaleur, la méthanisation ; révolution digitale ; révolution sociétale. Le rapport à l'énergie change.

La révolution technologique est liée au bouleversement de la taille des équipements. Pendant longtemps, les centrales ont crû, afin de réduire les coûts unitaires. C'est désormais l'inverse. Les centrales photovoltaïques peuvent atteindre 1 000 mégawatts comme seulement quelques dizaines. Un panneau tient sur le dos d'un portable. Tout ceci entraîne une baisse spectaculaire des coûts, jusqu'à 30 euros dans les grandes fermes solaires. C'est l'une des technologies les plus performantes en matière de production d'électricité. Elle n'est toutefois qu'intermittente, et le stockage double le prix. C'est sur quoi il faudra travailler.

Cette révolution concerne tout le monde. La production d'électricité, qui était très centralisée, liée à la barrière de la taille, a complètement changé ; elle se décentralise, se rapproche des consommateurs et des territoires. Ce phénomène permet aux consommateurs de connaître l'origine de leur énergie. Chez Engie, nous proposons une offre 100 % verte au même prix que les offres issues d'autres énergies, qui intéresse beaucoup les clients. Grâce au numérique et aux capteurs, ils peuvent contrôler leur consommation et même produire eux-mêmes.

Je précise que les PME ne paient pas le CO2, si ce n'est par la contribution climat-énergie en tant que consommatrices.

Les collectivités territoriales ont désormais la possibilité de définir leur stratégie énergétique. Elles peuvent construire des micro-réseaux de chaleur ou produire du gaz à partir de la méthanisation.

On ne connaît pas la forme exacte que cette révolution énergétique prendra. La prise de conscience n'est pas seulement défensive, liée à la crainte du risque climatique, mais aussi positive, avec la volonté de décider de son destin énergétique. Le rôle des énergéticiens change. De fournisseurs, nous devenons les partenaires énergétiques de nos clients. C'est ainsi que nous passons des contrats avec les collectivités locales, pour les aider à définir leur stratégie énergétique.

En nous aidant à réduire l'incertitude, le prix du carbone est l'un des éléments d'accélération de la transition, mais de toutes façons, le mouvement est lancé, et rien ne l'arrêtera.

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