Ne tombons pas dans le jeu de rôles. Etudions ce budget sérieusement en commission, comme nous le faisons depuis cinq ans, dans un esprit de responsabilité au bénéfice de notre défense nationale. Pourtant cette année, la majorité sénatoriale a choisi de ne pas discuter du budget de la nation. Pour nous, c'est une décision effarante, qui revient à priver le Parlement de son rôle essentiel. On nous impose, à la place, d'assister à des séances absolument inutiles, et qui même donnent une image peu flatteuse de notre institution. En 2012, nous avions proposé un budget alternatif. Vous ne l'avez pas fait cette année. Pourquoi ? Nous condamnons l'escamotage de la discussion budgétaire. Certes, vous deviez être inquiets d'avoir à construire un budget réalisant 20 milliards d'euros d'économies par an, avec des baisses de charges de 10 milliards d'euros. Si c'est pour creuser le déficit, bravo ! Nous avons hérité d'un déficit de 5 %, nous allons vous le rendre à 3 %. En le faisant remonter, vous ferez perdre de la crédibilité à la France.
Ce budget de la défense est le dernier de la législature - ce n'est pas le dernier de la LPM. Il respecte les engagements pris tant en matière financière qu'en termes de calendrier. Avec 600 millions d'euros de plus que l'an dernier, il nous met sur la voie d'une augmentation des crédits de la défense, ce qui engagera les majorités suivantes. Il s'agit de financer le nouveau contrat de protection et l'ensemble des opérations en cours, d'accroître les capacités de nos armées, notamment en Opex. Il s'agit aussi d'augmenter les moyens humains, de développer les moyens du renseignement et de la lutte contre la cybercriminalité. Les crédits d'équipement atteignent le montant inédit de 17,3 milliards d'euros : c'est le plus haut niveau en Europe. Nous mettons en oeuvre les débuts d'une vraie politique de réserve et de garde nationale.
Enfin, rendons hommage au ministère de la défense. Efficace, modernisé, il a lancé plusieurs chantiers de gouvernance et des réformes thématiques : ressources humaines, fonctions de soutien, MCO, relations internationales... Je salue spécialement l'action du ministre, sans même évoquer la politique en faveur de l'industrie de défense, illustrée par la croissance de nos exportations d'armements.
Aussi les socialistes voteront-ils des deux mains les crédits de cette mission, comme nous aurions voté le budget général. Nous vous souhaitons bonne chance si les élections vous donnent les rênes pour les prochaines années !