Intervention de Delphine Bataille

Réunion du 8 décembre 2016 à 15h00
Situation et avenir de la poste — Débat organisé à la demande du groupe crc

Photo de Delphine BatailleDelphine Bataille :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je remercie tout d’abord nos collègues du groupe communiste républicain et citoyen d’avoir demandé l’inscription à l’ordre du jour de ce débat sur la situation et l’avenir de La Poste. Il s’agit, faut-il le rappeler, de l’une des entreprises préférées des Français, au premier rang de celles qu’ils considèrent comme les plus utiles.

Le groupe La Poste, c’est avant tout une grande diversité de métiers, des missions de service public et près de 250 000 employés. C’est aussi le premier réseau commercial de proximité en France avec plus de 17 000 points de contact et le réseau postal le plus dense d’Europe.

Ce maillage territorial et cette proximité sont un atout pour l’entreprise, mais surtout un facteur de cohésion et de lien social pour la population. La Poste est ainsi un acteur incontournable du développement territorial.

Depuis plus de dix ans, La Poste est confrontée à de nombreux défis tels que l’ouverture totale à la concurrence, le développement du numérique ou encore la diminution en volume du courrier, de plus de 30 % sur les dernières années, dont la baisse s’accentue encore, avec un nombre de plis distribués en diminution de plus de 6 % pour la seule année 2015.

Devant cette tendance lourde, le groupe a revu à la baisse son maillage territorial. Certes, le nombre de points de contact n’a pas varié depuis 2010, mais il ne reste que 9 000 bureaux de poste, nombre de bureaux ayant fermé en zones rurales pour être le plus souvent remplacés par de simples relais, d’autres ayant vu leur amplitude horaire réduite ou les services de guichet supprimés en raison de leur remplacement par des bornes automatisées.

Le slogan « Bougez avec la Poste » est toujours d’actualité, mais, hélas, pas dans la logique de dynamisme qu’il sous-entend. En effet, cela bouge tellement qu’il n’existe parfois plus de services ou que ceux-ci sont réduits à peau de chagrin à coups de fermetures de bureaux ou de transformation, de restructurations des services et de réductions des horaires d’ouverture !

Le traitement infligé au sud du département du Nord, le Hainaut-Cambrésis constitué de plus de 300 communes rurales, est symptomatique des orientations de La Poste. La direction compte réduire les horaires d’ouverture des trois bureaux qui desservent une vingtaine de communes de la vallée du Haut-Escaut, quand l’aide apportée par les guichetiers aux personnes âgées ou en difficultés reste essentielle.

Ces décisions, prises bien souvent sans concertation, viennent alimenter la désertion des bureaux en pénalisant les plus fragiles, ceux qui n’ont pas de moyen de locomotion, ceux dont l’activité professionnelle leur interdit l’accès aux services postaux compte tenu de la réduction des horaires d’ouverture.

Dans la commune où a grandi Pierre Mauroy, le bureau de poste est mis en vente et une agence postale communale va ouvrir. L’aménagement ainsi que la formation et l’indemnisation de l’agent y sont pris en charge par La Poste, mais les élus locaux, qui souhaitent légitimement assumer le devoir d’un service public de qualité et ne peuvent faire face à des charges supplémentaires, veulent obtenir des garanties quant à la pérennité de cet engagement et de l’accompagnement financier.

Le maire de la commune voisine a choisi d’user du droit de préemption pour racheter le bureau de poste dont les horaires d’ouverture ont été réduits à douze heures, soit le minimum que prévoit la loi en milieu rural. Cependant, il n’est pas évident qu’une agence postale permettant de revenir à un service plus adapté aux besoins des usagers puisse voir le jour.

Dans ces zones rurales, renforcer le lien social est un enjeu vital. Alors que le facteur a rendu de nombreux services, tel le portage des médicaments, de manière bénévole pendant longtemps, tout est aujourd’hui payant, même quand les usagers ont des conditions de vie très modestes ne leur permettant pas de payer.

Dans nombre de départements, les élus se mobilisent contre ces fermetures et réductions d’horaires dans leurs territoires déjà fragilisés par la défection des services publics. La disparition des bureaux de poste vient, en effet, renforcer le sentiment d’abandon et de désespérance des habitants, pour lesquels le rôle du facteur demeure vital, car certains ne voient que lui dans une journée.

Cette situation participe de fait à l’expansion du vote antirépublicain. Dans ces cas de fermeture de bureaux ou de réduction des horaires, on a le sentiment de ne cesser de tourner en rond !

Cette situation est semblable à celle que connaît le secteur ferroviaire. On supprime des trains d’équilibre du territoire et des liaisons sous prétexte qu’ils ne sont pas fréquentés, alors que les horaires découragent les usagers.

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