Intervention de Jacques Mézard

Réunion du 8 décembre 2016 à 15h00
Situation et avenir de la poste — Débat organisé à la demande du groupe crc

Photo de Jacques MézardJacques Mézard :

… de route, d’avion – il ne nous en reste plus qu’un ! – et nous nous demandons qui nous apportera notre courrier.

Bien sûr – il faut le dire et l’entendre –, en raison des évolutions technologiques et sociologiques, la situation aujourd'hui n’est plus la même qu’il y a encore dix ans, comme elle ne sera plus la même dans dix ans. Il est donc indispensable que La Poste, comme le reste de la société, tienne compte de ces évolutions et essaie de les anticiper afin que nos concitoyens sachent ce qu’il va se passer et puissent vivre ces mutations sans s’inquiéter constamment du lendemain.

Il faut être réaliste : il y a de moins en moins de courrier, en raison de l’avènement du numérique et du courrier électronique. À juste titre, La Poste se demande donc – le groupe du RDSE a rencontré son PDG au début de l’été – ce que vont faire un certain nombre de ses agents si le courrier continue de diminuer, et il va continuer de diminuer.

Il faut par conséquent trouver non pas des solutions de remplacement, mais des solutions positives afin de permettre à La Poste de conserver et d’assurer ce qui reste structurant dans notre pays, à savoir une mission de service public.

En 2009, notre groupe s’était très majoritairement opposé à la transformation de La Poste en société anonyme. Nous avons également un certain nombre de réticences concernant des directives européennes et la libéralisation du secteur. Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne faut rien faire et qu’il ne faut pas tenir compte des mutations en cours, monsieur le secrétaire d’État. Mais il faut faire en sorte que La Poste, car c’est un devoir de l’État, puisse continuer à assurer une mission de service public, conformément à la loi du 2 juillet 1990 relative à l’organisation du service public de la poste et des télécommunications. Cette mission de service public comprend un service postal universel, des obligations en termes de transport et de distribution de la presse, d’accessibilité et d’aménagement du territoire. C’est là un véritable défi. Comment faire ? C’est difficile…

L’inquiétude sur tout le territoire et les difficultés au quotidien de nombre des agents de La Poste, que nous recevons souvent dans nos départements, sont une réalité. Il faut donner de l’espoir à ces agents pour l’avenir, les sortir de situations d’emploi que je n’ose qualifier de quasi précaires, mais qui, souvent, sont très difficiles.

Je suis de ceux qui considèrent que la présence de La Poste sur tous les territoires est un atout. De même, la Banque postale est essentielle. Le développement de la mission bancaire de La Poste doit être un objectif fondamental et primordial afin de conforter les autres activités du groupe. Monsieur le secrétaire d’État, au moment où d’autres structures bancaires se sont plutôt retirées – je pense en particulier au Crédit Agricole –, La Poste doit conforter sa place.

La Poste offre une chance unique de maintenir un lien social exceptionnel dans nos territoires. Souvent, en particulier dans les communes rurales, lesquelles comptent de nombreuses personnes âgées, c’est le facteur qui fait le lien avec l’extérieur. Non seulement il apporte le courrier, les publicités et des informations, mais il est également attentif à la situation de nos concitoyens, en particulier à leur santé.

Nous devons mener une véritable réflexion sur le maintien de cette présence sur le terrain, et ce le plus rapidement possible, même si les activités des facteurs sont appelées à évoluer. Il ne sert à rien de refuser les évolutions technologiques, elles sont là, il faut absolument en tenir compte.

Monsieur le secrétaire d’État, dans un pays comme le nôtre, qui a une véritable ossature, l’aménagement du territoire ne doit pas être battu en brèche du fait de décisions traduisant davantage une vision à court terme qu’une véritable conception de ce que doit être un pays moderne.

Si la décentralisation consiste à rejeter l’aménagement du territoire, je n’en veux pas. Il faut arriver à combiner la décentralisation – un pouvoir local – et le maintien par l’État d’un service public sur l’ensemble de notre territoire.

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