Intervention de Bernard Cazeneuve

Réunion du 14 décembre 2016 à 14h30
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Bernard Cazeneuve, Premier ministre :

Des enfants, des femmes sont assassinés, persécutés par un régime dont nous pressentions depuis quelques mois – mais nous en avons désormais la confirmation – qu’il ne sait pas faire autre chose que de devenir le meurtrier de son propre peuple. Des hommes, souvent jeunes, qui sont enrôlés de force dans l’armée de Bachar al-Assad, ou qui, s’ils refusent, sont exécutés dans les conditions que l’on sait ; l’impossibilité pour des familles entières de quitter Alep, faute de couloir humanitaire ; l’incapacité des alliés de Bachar al-Assad, qui, pour un certain nombre d’entre eux, sont des puissances – je pense notamment à la Russie –, de mettre fin à cette catastrophe : tout cela est une honte et révolte un très grand nombre de nos concitoyens ainsi que la communauté internationale. Cette situation conduira la France à agir inlassablement pour la paix et pour que ces crimes abjects cessent.

À cet égard, je veux saluer l’action conduite par le chef de notre diplomatie, sous l’impulsion et l’autorité du Président de la République, qui a demandé la mise en place d’un couloir humanitaire, ainsi que la présence sur place d’observateurs internationaux et d’organisations non gouvernementales. Il a par ailleurs souhaité que le Conseil de sécurité des Nations unies se réunisse, de sorte que toutes les initiatives soient prises pour permettre de sortir des femmes, des enfants, des familles de cet enfer d’Alep.

Je sais à quel point nous pouvons compter sur l’ensemble des sénateurs et des sénatrices pour accompagner la voix de la France et de tous ceux qui sont attachés aux valeurs que nous portons.

Le contexte est aussi particulier pour des raisons qui tiennent à la menace terroriste. C’est pourquoi j’ai souhaité que le Gouvernement se fixe pour objectif dans les cinq mois qui viennent – croyez-moi, chaque jour compte dans la lutte antiterroriste ! – de mobiliser toute son énergie et toute sa force pour assurer la protection du pays contre ce risque.

Notre pays a été durement frappé, ce qui nous a conduits à réorganiser nos forces de sécurité et nos services de renseignement pour faire face. D’ici à la fin du quinquennat, plus de 9 000 emplois de policiers et de gendarmes, dont 2 000 dans les services de renseignement, auront été créés. Ainsi, le renseignement territorial a été renforcé dans le cadre de la Direction générale de la sécurité intérieure, laquelle a été érigée en direction à part entière du ministère de l’intérieur.

Par ailleurs, toujours sur la question du terrorisme, nous avons créé les conditions d’initiatives européennes essentielles pour que nous puissions, avec nos partenaires de l’Union européenne, être beaucoup plus efficaces que nous ne l’étions dans la prévention et la lutte contre ceux qui veulent frapper nos pays européens et qui ont déjà frappé certains d’entre eux.

Je pense à la mise en place de FRONTEX, avec son corps de gardes-côtes et de gardes-frontières, qui permet désormais d’être plus efficace dans le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne.

Je pense aussi à l’action engagée par la France pour alimenter, conforter le système d’information Schengen et pour connecter ce système à l’ensemble des autres fichiers criminels.

Je pense enfin à la lutte contre la fraude documentaire et à la directive pour lutter contre le trafic d’armes.

Bref, sur tous ces sujets, le ministre de l’intérieur Bruno Le Roux sait qu’il devra continuer à agir, jour après jour, heure après heure, car, sur bien de questions qui se posent encore, concernant notamment la directive sur les armes et l’interconnexion des fichiers, nous devons progresser. Or beaucoup des négociations relatives à ces questions essentielles au sein de l’Union européenne se dénoueront dans la période qui nous sépare de la fin du quinquennat.

(Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) – sur la question de la protection sociale. Pour notre part, nous avons une position très claire, très nette : nous pensons qu’il est possible de réformer sans porter atteinte au service public, sans remettre en cause notre système de protection sociale

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