Incroyable, en effet !
J’en viens maintenant aux articles, nombreux, de ce projet de loi de finances rectificative.
Le projet, tel que déposé par le Gouvernement, comportait 44 articles. Il en compte désormais 118. Ainsi 74 articles ont-ils été ajoutés par l’Assemblée nationale. Nous n’avons eu qu’une semaine pour procéder à l’examen du texte, et une seule soirée pour étudier les amendements, leur délai limite de dépôt ayant été fixé à hier midi. Il est malheureusement très difficile de s’assurer de la qualité de notre législation dans des délais aussi contraints.
Il faut le reconnaître, le texte du Gouvernement ne comportait aucune mesure d’ampleur et, depuis son passage à l’Assemblée nationale, il n’en contient pas davantage. Il s’agit, mais c’est après tout la vocation d’un projet de loi de finances rectificative, d’une addition de dispositions fiscales, sans cohérence d’ensemble, donc impossibles à résumer. Je vous renvoie donc au rapport de la commission pour comprendre des mesures que nous adopterons dans des délais trop brefs. Je n’en citerai que quelques-unes.
Le texte initial du Gouvernement présentait un grand nombre de dispositions en matière de contrôle fiscal, que la commission des finances soutient sans réserve. Il comportait également une mesure qui aurait pu être intéressante, à savoir le compte PME innovation. Toutefois, elle apparaît, à ce stade, trop peu incitative. Nous proposerons donc des amendements visant à renforcer son efficacité.
Nous notons également des dispositions visant à mettre en conformité avec le droit communautaire le régime des sociétés mères et des filiales et la contribution de 3 % sur les dividendes, même si, dans ce dernier cas, de nombreux contentieux communautaires sont en cours.
S’agissant de l’impôt de solidarité sur la fortune et de la notion de bien professionnel, nous défendrons des amendements visant à sécuriser la situation des contribuables, dans le droit fil de la jurisprudence du Conseil constitutionnel.
Nous sommes favorables, enfin, aux différents articles octroyant des garanties de l’État, sous réserve que nous obtenions, monsieur le secrétaire d’État, quelques explications sur la contre-garantie accordée pour un investissement minier en Nouvelle-Calédonie. Nous sommes attachés à cet investissement, mais la société à laquelle l’État accorde une telle contre-garantie est une société étrangère, de droit canadien, dont la société mère est brésilienne.
Plusieurs mesures du projet de loi, en revanche, ne nous conviennent absolument pas.
Je citerai d’abord la création d’un acompte de contribution sociale de solidarité des sociétés, C3S, l’année même où cette contribution devait disparaître. C’est étonnant : non seulement elle ne disparaît pas, mais en outre on invente un acompte de C3S, ce qui va à l’encontre des engagements qui avaient été pris auprès des entreprises, notamment lors des assises de la fiscalité, auxquelles un certain nombre d’entre nous ont participé. Cette disposition complète malheureusement les nombreux acomptes prévus dans le projet de loi de finances pour 2017 – des trésors d’imagination sont déployés en la matière –, visant tout simplement à gonfler artificiellement les recettes de l’État en mettant les entreprises à contribution. Évidemment, nous n’y sommes pas favorables.
Nous ne sommes pas non plus favorables à la création d’une contribution pour l’accès au droit et à la justice. En réalité, cette contribution devrait financer un fonds interprofessionnel pour aider à l’installation et au maintien de membres de professions juridiques et judiciaires réglementées. Les représentants des professions concernées ne souhaitent pas la création de ce dispositif, pas plus, d’ailleurs, que notre commission des lois, qui s’y était opposé.
Nous sommes également opposés à la ratification, par voie d’amendement, de l’avenant à la convention fiscale entre la France et le Portugal – il s’agit d’un problème de procédure, et non de fond. Cette ratification ne nous paraît pas conforme aux dispositions de l’article 53 de la Constitution – nous verrons ce que le Conseil constitutionnel en dira, monsieur le secrétaire d’État.