Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, c’est malheureusement bien plus pour faire de la figuration que pour voter la loi que nous sommes réunis cet après-midi. En effet, les valeureux collègues présents en ce lundi de la fin décembre n’ont d’autre choix que de regarder passer une navette dans laquelle l’Assemblée nationale n’aura eu pour tâche que de discuter avec elle-même, sans que le moindre apport du Sénat soit venu alimenter le débat.
D’après la majorité sénatoriale, ce courageux acte d’automutilation institutionnelle s’imposerait en raison de l’électoralisme supposé du projet de loi de finances pour 2017. Je l’ai déjà dit, au risque de vous surprendre – mais comme je me répète, vous ne serez pas surpris : oui, ce budget présente certains aspects électoralistes, des prévisions optimistes et des mesures à financement décalé. Mais, en réalité, quoi de neuf sous le soleil de la politique en France ?
À la vérité, chers collègues de la majorité sénatoriale, votre virulente dénonciation de l’électoralisme, qui vous aura conduits à déclencher par deux fois la question préalable, pourrait avoir un semblant de crédibilité si vous ne vous étiez pas vous-mêmes, en d’autres temps, fourvoyés dans la même ornière. Je vous rappelle seulement que le dernier budget du gouvernement Fillon, à la fin de l’année 2011, affichait, pour un consensus des économistes équivalant à ce qu’il est aujourd’hui, soit 1, 2 % de croissance pour l’année à venir, une prévision de croissance de 1, 75 %, rien de moins ! À l’électoralisme des uns répond donc l’électoralisme et demi des autres…
Bien plus, à force de crier au loup si fort, ici, au début du mois, vous avez peut-être par votre exagération, chers collègues du groupe Les Républicains, incité le Gouvernement à en remettre une petite couche lors de la nouvelle lecture du projet de loi de finances à l’Assemblée nationale. Ainsi, la soudaine et inédite anticipation de la baisse de l’impôt sur le revenu, désormais prévue pour janvier au lieu de septembre, ajoute un petit parfum d’élection à un budget qui, aux dires de certains, n’en avait déjà pas besoin…