Intervention de Joël Guerriau

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 11 janvier 2017 à 10h05
71e session de l'assemblée générale des nations unies — Forum transatlantique - communications

Photo de Joël GuerriauJoël Guerriau :

J'en viens aux opérations de maintien de la paix et à la place des dossiers africains à l'ONU.

L'Afrique occupe plus de la moitié du temps du Conseil de sécurité, concentre 9 opérations de maintien de la paix sur 16, et 80% des 120 000 Casques bleus. Sur les dossiers africains, la France a un leadership incontesté au Conseil de sécurité. 4 diplomates de notre mission à New York s'y consacrent à plein temps.

Ces opérations sont complexes, multidimensionnelles, déployées dans des environnements non stabilisés, ce qui rend nécessaire une posture plus « robuste », c'est-à-dire plus engagée militairement, comme notre rapport sur « le bilan des OPEX » l'a dit.

Le budget total des opérations de maintien de la paix est passé de 840 millions de dollars en 1999 à 8 milliards de dollars aujourd'hui. C'est près de quatre fois le budget « ordinaire » de l'Onu. Le nombre de Casques bleus a lui aussi été multiplié par 10. La rationalisation des opérations constitue donc une triple nécessité opérationnelle, budgétaire et politique. L'enjeu est de gagner des marges de manoeuvre afin d'être capable de faire face à de nouvelles crises, et d'alléger la facture financière.

Cette réflexion est engagée depuis plusieurs années. 3 OMP vont d'ailleurs bientôt plier bagage, mission accomplie : en Haiti, au Libéria, et en Côte d'ivoire (l'ONUCI).

Au Mali, La MINUSMA, avec 14 000 « casques bleus » déployés, est la mission la plus lourde et la plus complexe. Elle a fait faire à l'ONU un saut qualitatif, notamment dans l'emploi des moyens de renseignement.

L'entretien avec Hervé Ladsous, le patron des casques bleus, a confirmé nos doutes sur la bonne application par les Maliens des accords politiques avec le Nord du pays. Même si une Conférence d'entente nationale en mars 2017 a été annoncée il y a quelques jours par le président Keita, les progrès ne viennent pas au rythme escompté. Les engagements de l'accord d'Alger ne sont pas mis en oeuvre. Le désarmement des milices est inexistant et les groupes armés continuent d'agir impunément.

Sur le terrain, les djihadistes profitent de ce vide pour avancer plus au sud ; d'où l'enlèvement récent d'une humanitaire française à Gao. Des attaques sont menées, comme à Mopti, contre la MINUSMA, cible d'attaques à l'explosif. 100 casques bleus ont été tués au Mali depuis 2013.

Sur le plan capacitaire, la MINUSMA a bénéficié de l'invocation, par la France, de l'article 42.7 du traité sur l'union européenne, puisque 15 pays de l'Union européenne se sont portés volontaires pour apporter une contribution. Les Pays-Bas ont ainsi mis à disposition, pour un temps, des hélicoptères. Installé au nord du pays, le contingent allemand devrait voir arriver des hélicoptères prochainement.

Au total, la clé du problème est la faiblesse du processus politique. Le Président Hollande se rend au Mali prochainement ; il devrait faire passer à nouveau ce message.

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