Convenons-en, l’article 20 A n’est pas consensuel. Je pense donc qu’il aurait mérité un débat de fond sur, d’une part, la colonisation et ses conséquences et, d’autre part, la politique mémorielle française.
Comme nous l’avions fait à plusieurs reprises, notamment par la plume de mon collègue Patrick Abate au mois de juillet 2015 et par la voix de ma collègue Brigitte Gonthier-Maurin au mois de janvier 2016, nous rappelons que, à nos yeux, la multiplication des journées de commémoration ne peut que diluer un message pourtant essentiel, en créant de la confusion.
J’y insiste : nous aurions aimé un vrai débat, non seulement, certes, au Parlement, mais surtout avec nos concitoyens, en particulier avec la jeunesse. Certains pensent que le débat est soldé. Or je ne peux pas m’empêcher de constater avec quelle prégnance il réapparaît régulièrement. Le tollé provoqué par les déclarations de candidats à l’élection présidentielle évoquant un « partage de culture » ou des « éléments positifs de civilisation » illustre bien qu’il est loin d’être clos !
Mais, au-delà du débat, il faut aussi des actes. Dois-je rappeler qu’il a tout de même fallu attendre le 18 février 2014 pour que l’Assemblée nationale reconnaisse la responsabilité morale de l’État dans le déplacement forcé de 1 630 enfants réunionnais entre 1963 et 1983 pour repeupler des départements métropolitains ?
De fait, si la mesure proposée dans l’article 20 A ne nous satisfaisait pas pleinement, nous ne pouvons pas accepter qu’elle soit balayée dans le huis clos d’une commission sénatoriale, aussi légitime soit-elle, sans un débat pourtant nécessaire. Elle mérite beaucoup mieux que cela.
C’est pourquoi nous soutenons les amendements identiques n° 18 rectifié et 157 rectifié.