Intervention de Jacques Gillot

Réunion du 18 janvier 2017 à 14h30
Égalité réelle outre-mer — Article 20 A

Photo de Jacques GillotJacques Gillot :

J’ai tenu à m’exprimer à l’occasion du débat sur l’article 20 A du projet de loi simplement pour vous indiquer ma conviction qu’il est des combats qui valent la peine d’être menés.

Oui, j’ai cosigné l’amendement visant à réintroduire à l’article 20 A du projet de loi les dispositions permettant de faire de la journée du 23 mai une journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage colonial !

Je l’ai fait en pleine conscience, convaincu que toutes les initiatives qui concourent à densifier la politique mémorielle de l’esclavage colonial sont les bienvenues.

Mais je suis également convaincu que ces dispositions ne constituent pas une fin en soi, car aucune commémoration ne saurait effacer ni réparer l’innommable.

Au moment où nos territoires peinent encore à trouver leur place au sein d’une République qui gagnerait à s’ouvrir davantage à la diversité de ses composantes, en cette période trouble où les extrémismes de toutes sortes gagnent du terrain, ici comme outre-Atlantique, il est fondamental de ne pas rajouter les divisions d’aujourd’hui aux douleurs du passé.

Nous, descendants d’esclaves, le plus grand respect que nous devons à nos aïeux est de ne pas retomber dans les errements de la division et des excès de langage envers nos propres frères.

Je peux ne pas être d’accord avec la position d’un collègue, ses arguments ou ses orientations. Mais je me battrai jusqu’au dernier souffle pour qu’il puisse exprimer librement sa position, dans cet hémicycle comme ailleurs. M. Desplan est libre.

Pour moi, arrière-petit-fils d’esclave, le plus grand respect que nous devons à nos aïeux est de nous mobiliser pour les causes qui font vraiment sens en 2017

Pour moi, le vrai devoir de mémoire est de nous mobiliser contre un système qui, plus de 160 ans après la libération des esclaves des anciennes colonies de la France, continue de priver leur descendance de l’égalité à laquelle ils ont droit : égalité devant l’emploi ; égalité devant le logement ; égalité devant l’accès aux postes de responsabilité ; égalité devant les perspectives de développement de nos territoires ; égalité dans les mesures prises pour juguler l’insécurité ; égalité du pouvoir d’achat.

Oui la République a besoin de symboles qui contribuent à renforcer son unité ! Mais elle a surtout besoin, pour paraphraser Sonny Rupaire, de continuer d’entendre dans le vent cette voix qui lui dit de « garder l’espérance ».

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion