Intervention de Félix Desplan

Réunion du 18 janvier 2017 à 14h30
Égalité réelle outre-mer — Article 20 A

Photo de Félix DesplanFélix Desplan :

Que mes collègues se rassurent ! Je ne suis ni dans la singularisation, ni dans la provocation, ni dans la séduction, ni dans la démagogie. Au pire, je serais dans l’erreur, en étant peut-être le seul à n’avoir rien compris…

Je reste pourtant convaincu que retenir une deuxième date de commémoration nationale de l’esclavage, le 23 mai, soit treize jours après la commémoration nationale de l’esclavage, en plus des jours de commémoration propres à chaque territoire d’outre-mer, cela fait beaucoup !

Trop de commémorations tuent la commémoration ! On banalise ainsi le devoir de mémoire qui s’attache à la commémoration de l’esclavage.

Deux commémorations nationales sur le même sujet, dans le même mois, dans le même lieu, cela ne frise-t-il pas l’indigestion ?

D’autres dates sont évoquées : le 23 août, le 23 août 1791 ayant eu lieu premier soulèvement d’esclaves dans la colonie française de Saint-Domingue ; le 28 mai, le 28 mai 1802 étant la date du sacrifice de Louis Delgrès, colonel de l’armée française d’origine martiniquaise, avec ses compagnons à Matouba, luttant contre le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe.

Il ne s’agit pas là de continuer à multiplier les commémorations. Il s’agit de lancer une réflexion afin de se mettre d’accord sur une date, une seule, sur le plan international pour commémorer l’abolition de l’esclavage colonial – certes – et, en même temps, de se mobiliser pour l’abolition de tous les esclavages dans le monde. Puisse l’UNESCO y parvenir !

Retenons seulement que ce n’est pas l’habillage différent du sujet, le 10 mai et le 23 mai, qui donne un contenu fondamental à une commémoration ou une autre sur l’esclavage.

L’hommage aux victimes de l’esclavage, mot d’ordre du 23 mai, nous renvoie inévitablement aux pires atrocités de ce régime et stigmatise le bourreau. En quoi cela peut-il être une démarche de réconciliation ?

En revanche, quand on sublime l’image de l’esclave combattant, déterminé, digne, qui s’organise, participe aux soulèvements, lutte pour sa propre libération, profite de la générosité d’esprit de grands humanistes français blancs, de la même couleur de peau que ses bourreaux, avec lesquels il parviendra à l’abolition de l’esclavage en 1848, je vois là l’amorce d’une réconciliation en marche.

Deux, trois, quatre, cinq ou six commémorations : cela ne fait pas sens. Voilà pourquoi j’ai déposé en commission des lois un amendement de suppression de l’article 20 A. Voilà pourquoi, ce soir, je confirme ici ma position, en ne votant pas ces amendements identiques.

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