Monsieur le président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, vous appelez l’attention de la ministre des affaires sociales et de la santé sur la question de l’accès aux soins dans les territoires et, plus spécifiquement, de la démographie médicale.
Devant cette problématique complexe, qui concerne le vieillissement de la population, l’organisation des soins en ville et en milieu rural, mais aussi les souhaits de vie des professionnels et des personnels de toute une génération de praticiens de santé, je regrette que la seule solution que vous avanciez systématiquement dans le débat soit la mise en place d’un conventionnement sélectif des médecins.
Vous parlez de courage politique, mais je me demande pourquoi vous n’avez pas mis en place cette mesure pendant les dix années où vous étiez au pouvoir !
Marisol Touraine a déjà eu l’occasion de le dire devant vous lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2017 : le conventionnement sélectif, c’est d’abord l’assurance de voir s’installer dans nos villes des médecins déconventionnés, dont les patients ne seront pas remboursés par la sécurité sociale. C’est la création d’une médecine rapide pour les riches et d’une médecine dégradée pour les pauvres avec des temps d’accès aux soins incomparables avec ceux que nous connaissons aujourd’hui. Je vous réponds ici comme secrétaire d’État chargée de la lutte contre l’exclusion : ce n’est pas une bonne solution.
La vraie question est l’organisation des soins ambulatoires. C’est bien cela qui est au cœur du pacte territoire-santé, lancé dès 2012 – nous n’avons pas attendu ! – par ce gouvernement.
Pendant ce quinquennat, le nombre de maisons de santé a été multiplié par cinq. Voilà une mesure structurante ! La loi de modernisation de notre système de santé en contenait d’autres : elle a créé les plates-formes territoriales d’appui et les communautés professionnelles territoriales de santé, deux innovations dont ont su se saisir les professionnels de santé.
Enfin, vous évoquez le développement de la télémédecine §et la mise en place d’une offre de soins ambulatoires assurée par des remplaçants dans les zones fragiles. Je ne doute pas que vous saurez agir dans votre territoire avec le soutien du développement de la télémédecine, que ce gouvernement a mis en place dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2017, et que vous ferez la promotion du praticien territorial médical de remplacement, issu du même texte.
Monsieur le président Maurey, vous reprochez à la ministre de la santé de ne pas avoir su prendre la mesure de l’urgence démographique. C’est pourtant bien parce que la ministre et ce gouvernement en avaient pleinement conscience que nous ne nous sommes pas contentés de mesures dénuées d’efficacité, voire simplement populistes. Il n’existe pas de solution miracle à la désertification médicale. Relâcher le numerus clausus ou mettre un terme à la liberté d’installation ne résoudra pas le problème. Il nous faut prendre un ensemble de mesures structurelles, qui demandent du temps, mais qui produisent déjà des résultats.
Ces grandes avancées s’inscrivent dans la durée, c’est tout le sens de l’action de Marisol Touraine depuis cinq ans.