Intervention de Laurence Rossignol

Réunion du 2 février 2017 à 10h30
Violences sexuelles : aider les victimes à parler — Débat organisé à la demande du groupe écologiste

Laurence Rossignol, ministre :

Il est d’autant plus difficile de libérer la parole que, contrairement aux idées reçues, les viols et les agressions sexuelles se produisent majoritairement au sein du couple ou de la famille, au domicile de la victime, à son travail ou dans les institutions qu’elle fréquente. Cela a été rappelé, dans 90 % des cas, les violences sexuelles sont commises par une personne connue de la victime : le conjoint ou l’ex-conjoint pour près de 50 % des viols perpétrés sur des femmes adultes, un membre de la famille pour plus de la moitié des viols sur mineur.

Pour les jeunes victimes, parler et être crues est un véritable défi. Outre la difficulté de reconnaître une agression sexuelle, de mettre des mots sur des actes insensés, d’identifier un interlocuteur ou une interlocutrice à qui s’ouvrir, le poids du tabou de la violence sexuelle dans la sphère familiale pèse très lourdement sur la parole de ces enfants.

Comme l’écrit de manière poignante Laurent Boyer dans Tous les f rères font comme ça, livre où il révèle l’inceste dont il a été victime entre 6 et 9 ans : « D’abord, c’est la peur de ne pas être cru qui nous fait nous taire. Ensuite c’est la crainte de faire mal à cette famille que l’on risque de faire voler en éclats. Et enfin c’est la honte de n’avoir finalement rien osé dire. Cette même honte qui nous fait nous sentir coupables, monstrueux et sales. »

Comment dire l’indicible ? Comment penser l’impensable ? Il est urgent de donner à toutes les victimes, et tout particulièrement aux plus jeunes d’entre elles, les moyens de signaler les violences qu’elles ont subies, et aux professionnels les outils pour recueillir leur parole de manière appropriée et respectueuse.

Les quatrième et cinquième plans interministériels de lutte contre les violences faites aux femmes ont permis d’avancer.

À cet égard, madame Cohen, je précise que le budget consacré aux droits des femmes n’a pas subi de baisse au cours du quinquennat : il a même augmenté de 50 % et connaîtra encore une hausse de 8 % cette année.

1 commentaire :

Le 10/02/2017 à 23:41, laurence a dit :

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Oui, je voulais également signaler que de très nombreux garçons sont victimes de violences sexuelles et qu'ils sont encore moins protégés et écoutés. Focaliser ce problème sur les femmes me semble une erreur car elle exclue les hommes de la résolution du problème, car ces petits garçons souffrent au même titre que ces petites filles,la honte et la culpabilité et la chappe du silence n'a pas de genre dans ces situations. Je note à cet égard que seules des femmes sont intervenues dans ce débat, signe que les hommes soit ne se sentent pas légitimes soit ont peur de parler. Car ils ont des mères, des femmes et des filles et ils devraient être les premiers à se prononcer pour faire bouger les choses. Ils ont peut-être peur de dénoncer des comportements qui touchent même les plus hautes sphères et les grandes écoles, une reproduction sociale des dominants et des dominés. 1% des viols qui aboutissent à une condamnation montre également combien cette situation est acceptée par la société, combien les victimes ont besoin d'autre chose que de procès pour guérir,combien elles se sentent seules et cassées. Elles ont besoin de se reconstruire en étant considérées, mises en sécurité, soignées physiquement et psychiquement, réconciliés avec elles -mêmes. Les personnes qui commettent de tels actes doivent également avoir un suivi, les enfermer ne résoudra pas ce problème massif qui fait que certains désirent et prennent ce qui ne leur a pas été consenti. C'est dès le plus jeune âge que l'éducation nationale devrait parler de ce fléau dans les programmes. Qu'ils comprennent qu'ils ne sont pas isolés et que la société est là pour leur venir en aide, qu'il y a des moyens pour les accueillir dans leurs blessures, des gens formés, des solutions applicables rapidement. Plus la prise en charge est rapide et adaptée, moins il y aura de séquelles.

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