Je voudrais d'abord, rappeler l'engagement des équipes de l'Institut français afin de permettre à la France de rayonner sur les deux hémisphères, au travers de notre réseau composé de quelques 160 services d'action culturelle, de 97 instituts français et de 817 alliances françaises, mais également grâce aux collaborations que nous avons nouées avec de nombreux partenaires institutionnels français et étrangers, des institutions culturelles et des collectivités territoriales.
Le contrat d'objectifs et de moyens pour la période 2017-2019 fixe pour les trois années à venir les axes stratégiques que l'Institut français devra suivre.
Ce dernier a pour mission première de développer l'influence et l'attractivité de la France à travers sa culture et sa langue. À travers sa culture dans sa diversité créative, avec une inclination particulière pour les formes nouvelles et la volonté de rencontrer de nouveaux publics. À travers sa langue parce que le français est déjà une langue de demain et qu'il convient de veiller à ce qu'elle puisse non seulement être largement parlée, à la maison, au travail mais aussi sur internet, mais qu'elle le soit correctement, ce qui me semble être le grand défi à moyen terme, souligné par le Chef de l'État lors du dernier sommet de la Francophonie à Madagascar. À travers la langue également parce que notre façon de concevoir, d'exprimer le monde, reste une référence et qu'à l'étranger, il est souvent attendu que nous exprimions notre point de vue dans notre langue sur les grands problèmes contemporains, philosophiques ou scientifiques. La Nuit des Idées qui s'est déroulée dans le monde entier, le 26 janvier dernier, dans quarante pays, a attiré 200 000 spectateurs et provoqué 500 000 connections et 7 millions de tweets. Elle illustre parfaitement cette approche ambitieuse que le contrat d'objectifs et de moyens nous assigne et que l'Institut français entend soutenir.
L'Institut français a pour mission seconde d'animer le dialogue et de favoriser les échanges avec les cultures étrangères en France, en Europe et dans le monde. Il ne s'agit pas d'amener le monde à penser comme nous. Il s'agit de mettre en relief les bénéfices que tire notre culture française du « frottement » avec l'étranger, une reconnaissance que le dialogue avec l'autre est une source d'inspiration tout autant qu'une découverte.
« Les saisons », et l'Institut français en a promu beaucoup, constituent un des vecteurs principaux de cette philosophie. Nous venons de clore la saison France-Corée le 15 décembre dernier avec près de 500 événements croisés qui ont attiré 5 millions de spectateurs sur une année. Nous avons lancé le 16 décembre à Bogota l'année France Colombie par une fête des lumières organisée par la Ville de Lyon qui a réuni, selon la municipalité de Bogota, 900 000 personnes en huit jours. En 2017, la France sera l'invitée d'honneur de la foire de Francfort, la plus grande foire mondiale du livre. Ce choix résulte du constat fait par nos autorités que les jeunes générations en Allemagne et en France se connaissent moins et échangent moins que les générations précédentes. Pour faire se rapprocher cette jeunesse franco-allemande, il a paru utile d'utiliser le vecteur du livre et de l'édition. En favorisant les contacts entre éditeurs allemands et français, nous escomptons créer de nouveaux ponts entre nos deux pays à un moment où la dynamique du couple franco-allemand, sur fond de brexit britannique et d'incertitudes américaines, revêt une importance particulière. J'ajoute sur ce point que le futur pavillon français sera ouvert aux éditeurs du Sud et que notre présence en Allemagne lors de la foire de Francfort comprendra une forte dimension francophone. Les « résidences » que l'Institut français cherche à mettre en valeur et qui connaissent un grand succès auprès des artistes, en sont un autre exemple.
L'une des particularités des programmes de l'Institut français, soulignée par le contrat d'objectifs et de moyens, est de faire bénéficier de notre expertise les pays du Sud, l'Afrique et les Caraïbes en particulier, en développant in situ des événements structurants pour les jeunes créateurs qui les mettent en rapport avec des réseaux professionnels. C'est le cas pour la danse à Ouagadougou dont c'était la dixième édition en novembre dernier : 43 compagnies se sont présentées en provenance de 13 pays africains différents et 15 contrats ont été signés. Ce sera le cas pour la photographie à Bamako avec la biennale que nous sommes en train d'organiser au Mali, ou pour le cinéma au Burkina Faso et à Madagascar. C'est le cas également pour nos programmes « Cinémas du Monde » ou « la Fabrique des Cinémas du Monde » à Cannes : 70 % de nos lauréats étrangers trouvent à Cannes un partenaire pour poursuivre leur aventure. Ces réunions professionnelles profitent également à nos artistes, dans toutes les disciplines, et c'est par ce vecteur que nous réussissons à promouvoir nos créateurs, sur les scènes internationales ou dans les lieux prescripteurs.
Dans le cadre de ce dialogue permanent avec les autres cultures, nous identifions et animons des réseaux d'influence intergénérationnels qui constitueront nos relais de demain dans des pays en mutation importants pour notre diplomatie, notamment au Moyen-Orient. Nous avons ainsi développé trois programmes de mobilité : « Safir Lab » avec les pays arabes qui connaît un très grand succès, « Culture Lab» qui couvre le monde entier et bientôt « Afrique Lab » que nous réalisons avec l'Allemagne en vue d'identifier les futurs entrepreneurs de demain et qui se déroulera au Cameroun, au Ghana, en Côte d'Ivoire, au Sénégal et au Nigéria, ainsi qu'à Berlin et à Paris. La réaffirmation de cet objectif dans le COM est donc de ce point de vue très pertinent.
L'Institut français continuera bien évidemment - c'est le troisième objectif qui lui est demandé de satisfaire - d'appuyer le réseau par des actions de formation touchant toutes les catégories de personnels et de mettre à sa disposition les outils numériques.
Par rapport au contrat d'objectifs et de moyens précédent, celui qui vous est soumis comporte deux changements.
Le premier concerne une recherche plus systématique de la transversalité. Il s'agit, à l'ère du numérique, de tenir compte d'une tendance profonde de la création vers plus d'interdisciplinarité, qui caractérise les nouvelles tendances contemporaines. Le second point concerne la « géographisation » des actions de l'Institut français. Le contrat d'objectifs et de moyens fixe dans ses annexes une cartographie de ses priorités. Trois catégories sont ainsi déterminées.