Alors qu'auparavant chaque pays européen voulait sa propre politique de l'énergie, les pays de Viegrad demandaient une politique commune : le prix du gaz est fondamental pour une partie de l'industrie. Comment expliquer aux Polonais que le gaz russe qui transite chez eux est vendu 30 % moins cher aux Allemands ? Il y a un problème de concurrence, et vous comprenez leur difficulté à imaginer que l'Allemagne, pour conserver ce prix, souhaite faire transiter le gaz par une route extérieure à leur territoire... L'Europe est une affaire de compromis ; c'est plus simple de n'avoir aucun compromis avec personne et d'établir une coopération renforcée avec soi-même. Mais nous avons besoin d'être suffisamment nombreux pour faire masse. Ces pays sont plus sensibles que nous à l'évolution du prix du gaz russe, et la Russie joue très bien son rôle en divisant les pays européens. Construire une initiative ne prenant pas en compte les pays d'Europe centrale serait dangereuse. Nous aurions tort de nous priver d'eux dans notre dialogue avec l'Allemagne. Souhaiter revenir aux années 1990 pour regretter un approfondissement au lieu d'un élargissement avec les pays d'Europe centrale serait illusoire et constitue une vision franco-française et non franco-allemande. Nos difficultés proviennent du refus de gérer le jour d'après l'élargissement dans l'Union européenne. Après une phase de défense de leurs intérêts, on les a soudainement considérés comme ayant la même histoire que les vieux membres de l'Union européenne. Soit on laisse la situation se déliter, par plaisir, soit on revient au compromis, coeur du fonctionnement de l'Europe.