Intervention de Philippe Bonnecarrere

Commission des affaires européennes — Réunion du 19 mai 2016 à 8h40
Politique étrangère et de défense — Perspectives de la politique de sécurité et de défense commune psdc : proposition de résolution européenne et avis politique de mme gisèle jourda et de m. yves pozzo di borgo

Photo de Philippe BonnecarrerePhilippe Bonnecarrere :

Je remercie les rapporteurs de cette présentation tout à fait passionnante.

La première vertu de ce document, c'est de remettre en perspective le lien traditionnel entre sécurité intérieure et sécurité extérieure, entre renseignement et aspects plus militaires. C'est un élément essentiel au regard de la période contemporaine.

L'Europe est confrontée à des problèmes aux causes multiples et interconnectées, dont la politique de défense doit tenir compte. Cela induit des convergences entre les États, même si les deux parties de l'Europe, le nord et le sud, n'ont pas la même appréciation des dangers, qu'elles hiérarchisent différemment. La place de la politique de défense est donc tout à fait légitime en Europe.

Je suis profondément européen, voire europhile, et assez partisan du fédéralisme. Mais force est de le constater, compte tenu des principes de réalité et de souveraineté, l'hypothèse de la communautarisation de la défense ne peut être retenue. Ainsi, il n'est pas dans les intentions de nos amis britanniques d'aller dans ce sens.

Il nous faut donc nous concentrer sur deux points.

Tout d'abord, la politique industrielle de défense doit être mise en avant, en promouvant une convergence à l'échelle de l'Europe. Michel Barnier avait rédigé une note sur ce sujet lorsqu'il conseillait Jean-Claude Juncker. L'effort militaire le plus important est certes fourni par les États-Unis, mais celui de l'Europe est loin d'être ridicule, avec plus de 300 milliards d'euros par an. La Chine se classe en troisième position, assez nettement en deçà, la Russie venant bien après, avec un effort de l'ordre de 130 milliards à 140 milliards d'euros par an.

Au-delà de l'objectif de 2 % du PIB consacrés à la défense, qu'il est tout à fait souhaitable d'atteindre, l'Europe a les moyens financiers de mener cette politique industrielle de défense, mais elle ne les met pas suffisamment en oeuvre. Les industriels ont connu des réussites, s'agissant par exemple des missiles fabriqués par les Français, les Britanniques et les Italiens, du protocole d'accord entre Nexter et Krauss-Maffei et peut-être, un jour, de Ryemetal. C'est là une base de travail sur laquelle on peut s'appuyer pour élaborer de façon pragmatique une politique globale de défense.

En ce qui concerne l'aspect financier, je ne suis pas convaincu par les propositions évoquées par les rapporteurs. Pourquoi ne pas envisager un intéressement financier, ou une mutualisation ? Je citerai, à titre de comparaison, les bonus de DGF pour nos collectivités locales : pourquoi ne pas adopter la même solution pour la défense ?

Pour conclure, je n'ose même pas faire mention ici du montant des moyens consacrés à l'Agence européenne de défense... (Sourires.)

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