Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires européennes — Réunion du 5 juillet 2016 à 19h00
Institutions européennes — Audition de M. Harlem Désir secrétaire d'état chargé des affaires européennes sur les conclusions du conseil européen des 28 et 29 juin

Photo de Christian CambonChristian Cambon, vice-président de la commission des affaires étrangères :

Nous attendions ce rendez-vous avec impatience, tant le moment est important. Avec le président Raffarin, nous étions à Londres quelques jours avant le vote : nous avons été reçus au 10 Downing Street, à la Chambre des Communes et à la Chambre des Lords. Malgré les inquiétudes de nos interlocuteurs, nous pensions que la raison allait l'emporter. Ce ne fut pas le cas. Vous allez nous dire quels sont les résultats de ce Conseil européen qui ne semble pas avoir tracé des perspectives décisives.

Quelle lecture le Gouvernement fait-il de cet évènement ? Avant de prendre des décisions, sans doute serait-il utile de faire un diagnostic. Comment en est-on arrivé là ? Va-t-on pouvoir se passer d'une initiative franco-allemande, alors même que les dissensions ou les incompréhensions n'ont jamais été aussi grandes, notamment en ce qui concerne la Turquie ? Va-t-on poursuivre la discussion pour l'adhésion de ce pays à l'Union ?

Il conviendrait de s'engager sur trois priorités : la séparation d'avec le Royaume-Uni doit être rapide. L'ambassadeur de ce pays l'a d'ailleurs confirmé à la délégation de la commission des affaires étrangères qu'il a rencontrée il y a quelques jours. Il a rappelé que le choix démocratique avait été clair et qu'il s'agissait désormais d'aller le plus vite possible tout en respectant les procédures propres au Royaume-Uni. Nous devrons refuser l'Europe à la carte car elle favoriserait sa décomposition. Bien sûr, il n'est pas question de mettre un terme aux coopérations bilatérales que nous conduisons avec l'Angleterre : ce pays reste un partenaire, un allié et, par-dessus tout, un ami. Les commémorations actuelles le démontrent amplement. La Grande-Bretagne est une très grande puissance militaire : avec la France, elles sont les deux seules susceptibles d'assumer leur fonction de membres du Conseil de sécurité. Nous devons continuer à lutter ensemble contre le terrorisme et nous avons reçu dernièrement des assurances en ce sens. Le 12 juillet, ici-même, nous aurons une réunion de nos deux Parlements dans le cadre du suivi des accords de Lancaster House.

La deuxième priorité serait de tracer les nouvelles perspectives d'une Europe recentrée sur l'essentiel : une Europe puissance à l'heure des pays continents. Il apparaît que ce recentrage doit s'opérer autour de trois points : la maîtrise de nos frontières, la défense commune, la relance de la croissance et de l'emploi.

Enfin, la dernière priorité serait de refonder une véritable relation franco-allemande sur des bases de confiance sans laquelle l'Europe ne risque guère d'offrir d'espérance pour les générations à venir.

Peut-être faudrait-il demander à nos assemblées de s'impliquer davantage dans le suivi de ce Brexit, car l'opinion publique est déçue, désappointée et bien souvent critique à l'encontre de l'Europe. Celle-ci est en danger et nous devons la remettre sur les rails. Nous serons attentifs aux efforts du Gouvernement.

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