La Slovaquie préside pour la première fois l'Union européenne. C'est à la fois un plaisir et un honneur pour mon pays, tout entier mobilisé à cette occasion. À titre personnel, je peux ajouter que c'est aussi une chance pour ma génération qui a longtemps rêvé d'appartenir à l'Union, ce qui est maintenant le cas depuis 2004. Je sais que le président Larcher a parlé au téléphone il y a deux heures avec le président du parlement slovaque, et qu'ils se sont mis d'accord pour organiser une conférence soit à Bratislava, soit à Paris, avec les présidents de parlement de l'Union européenne sur l'état de celle-ci. Ayant moi-même travaillé plusieurs années au parlement slovaque, je connais l'importance de la diplomatie parlementaire.
Plusieurs réunions sont d'ores et déjà prévues à Bratislava dans le cadre de la présidence slovaque : la « petite » COSAC les 10 et 11 juillet prochains, une conférence sur la politique étrangère et de sécurité commune début septembre, et la COSAC plénière du 13 au 15 novembre.
Le programme de la présidence slovaque a été préparé dans le cadre de la troïka, avec les Pays-Bas et Malte. Nous sommes restés optimistes jusqu'à la dernière minute sur les résultats du référendum au Royaume-Uni, mais nous avons dû attendre le 30 juin pour publier notre programme de manière à intégrer le Brexit. Cette situation est en effet sans précédent et constitue un défi à relever pour mon pays lors de sa présidence. Un Conseil européen consacré à l'avenir de l'Europe est prévu à Bratislava le 16 septembre prochain. Nous n'en avons pas encore précisé l'ordre du jour car nous souhaitons qu'il puisse donner lieu à une réflexion libre. Je suis d'ailleurs très intéressé par vos propres réflexions sur ce sujet.
Il n'a pas été facile pour la Slovaquie d'organiser sa présidence car c'est un petit pays aux capacités administratives réduites. À ce titre, je tiens à remercier la France pour son soutien : votre pays a notamment mis un de ses experts à disposition de l'équipe présidentielle.
La présidence slovaque poursuit trois ambitions : renforcer la solidité de l'Union européenne ; accroître la confiance des citoyens dans l'Union ; et présenter des exemples positifs de la construction européenne pour les citoyens. Les Slovaques sont convaincus qu'il convient de poursuivre l'approfondissement de l'intégration européenne. Mon pays a adopté l'euro dès 2009 et contrôle les frontières extérieures de l'Union, en l'espèce avec l'Ukraine, dans le cadre de l'espace Schengen. Nous sommes très attachés à ces acquis après plusieurs décennies de régime communiste. Notre Premier ministre est venu à Paris le 22 juin dernier où il a rencontré le Président François Hollande et lui a présenté les priorités de notre pays pour l'Union européenne. Il a également discuté avec lui de la crise migratoire, des attaques terroristes, des séquelles de la crise économique et financière et de la situation du secteur laitier.
Je tiens à rappeler que les relations bilatérales sont excellentes, et cela dès la création de la République tchécoslovaque en 1918. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, 200 partisans français prisonniers de guerre se sont regroupés en Slovaquie où ils ont combattu les nazis. Le 1er janvier 1993, la France a été le premier pays européen à reconnaître le nouvel État slovaque. De même, la France a joué un rôle important dans la préparation de notre pays à l'adoption de la monnaie unique et à l'intégration dans l'espace Schengen. En décembre dernier, le groupe d'amitié de l'Assemblée nationale s'est rendu en Slovaquie. Ces différents exemples illustrent des relations franco-slovaques très amicales. Je rappelle également qu'en 2008, le Président Nicolas Sarkozy avait signé un partenariat stratégique avec la Slovaquie et que le Président François Hollande, au cours d'une visite officielle en octobre 2013, a signé le deuxième plan d'action, puis s'est de nouveau rendu dans mon pays en 2015 pendant la présidence slovaque du groupe de Viegrad. Les investissements directs français en Slovaquie s'élèvent à plus de 5 milliards d'euros et plus de 400 sociétés françaises sont présentes dans mon pays, dont Veolia, Vinci, Orange ou encore PSA-Citroën.
Je voudrais maintenant présenter chacune des quatre priorités de la présidence slovaque de l'Union européenne.
La première consiste en une Europe économiquement forte. Nous sommes persuadés que nous avons besoin de davantage d'investissements pour soutenir une croissance économique qui reste atone. C'est pourquoi nous soutenons le plan Juncker ainsi que la prolongation de la durée du Fonds européen d'investissement stratégique. Nous avons commencé les négociations avec le Parlement européen sur le budget de l'Union pour 2017. Nous devons aussi aborder le réexamen à mi-parcours du cadre financier pluriannuel 2014-2020. Nous devrons également travailler à réduire la fragmentation des marchés de capitaux, finaliser l'Union économique et monétaire, traiter le troisième pilier de l'Union bancaire, et avancer dans la lutte contre la fraude fiscale.
Notre deuxième priorité vise à moderniser le marché unique. Je rappelle que la Slovaquie dispose d'un marché extrêmement ouvert, peut-être le plus ouvert au sein de l'Union européenne. Nous allons mettre l'accent sur le numérique, favoriser la croissance et la création d'emplois. Pour ce qui concerne l'Union de l'énergie, nous considérons que trois objectifs doivent être atteints : la sécurité énergétique, l'efficacité énergétique et l'amélioration de l'approvisionnement en gaz. Je rappelle qu'au début 2009, la Slovaquie a été coupée pendant huit jours de l'approvisionnement en gaz en raison du conflit gazier entre la Russie et l'Ukraine.