Intervention de André Gattolin

Commission des affaires européennes — Réunion du 9 avril 2015 à 9h10
Justice et affaires intérieures — Économie finances et fiscalité - enjeux du big data : communication de mme colette mélot et m. andré gattolin

Photo de André GattolinAndré Gattolin :

Dans son rapport, Eric Peres explique que le Big Data est la rencontre entre la multiplication des données non structurées, les besoins d'analyse de ces données et les progrès de la technologie. En conséquence, on le définit souvent à partir de 3 « V » : volume, variété et vélocité. Un quatrième « V » pour « valeur » ou « valorisation » me semble également pertinent. Si la collecte des données personnelles n'est pas nouvelle, la capacité et la rapidité numérique de leur stockage et de leur traitement permettent désormais de renseigner sur les comportements des citoyens.

Ces données personnelles sur notre activité professionnelle comme notre vie privée sont désormais produites tant par des acteurs publics que privés. Elles le sont également par nous-mêmes, via l'ensemble des objets connectés et robots que nous utilisons. Nous contribuons donc à cet univers numérique sans toutefois en mesurer pleinement les opportunités ou les risques induits, ni même le volume des informations envoyées !

Au total, c'est actuellement plus de 300 milliards de milliards de Giga octets qui sont créés et stockés chaque jour !

Ces « datas » sont devenues l'unité de base de l'économie numérique et l'analyse des informations collectées représente désormais un enjeu stratégique.

Laissez-moi vous donner quelques chiffres :

Le chiffre d'affaires du marché mondial du Big Data était estimé à 6,3 milliards de dollars en 2012 et pourrait atteindre 24,6 milliards en 2014. Surtout, la croissance des revenus du marché est estimée à plus de 40 % par an ! De 100 millions de dollars en 2009, ces revenus pourraient atteindre 50 milliards de dollars en 2018. Le Boston Consulting Group, un cabinet international de conseil renommé, estime que la valeur des données personnelles des consommateurs européens atteindrait 315 milliards d'euros. Ce qui fait dire à la Commission européenne que l'exploitation de ces données personnelles permettrait une création de valeur représentant 8% de l'ensemble du PIB européen à l'horizon 2020...

Encore faudrait-il que l'Europe soit en mesure de participer à cette compétition mondiale ! Or, actuellement, ce n'est pas encore le cas : 80 % du stock des données sont aux mains de quatre entreprises étatsuniennes, les fameuses GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon). Grâce à leur poids économique mondial, elles parviennent à imposer des normes de protection des données personnelles les avantageant et à avoir de facto un pouvoir d'influence considérable.

Et si l'affaire Prism et les révélations de Snowden ont permis de prendre conscience des dérives d'une surveillance de masse par un État, n'oublions pas que ces entreprises continuent à stocker une quantité phénoménale de datas avec notre consentement... pas toujours éclairé, hélas !

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