Nous sortons d'une crise mondiale de surendettement, telle qu'il en arrive tous les cinquante à soixante ans. Je n'en verrai donc pas d'autres ! Ce type de crise se résout par le désendettement et la baisse des taux d'intérêt. En 2008, nous étions au bord du gouffre. Nous nous en éloignons lentement, mais il nous faudra quinze ans pour le laisser définitivement derrière nous. La crise ne correspond pas à la fin d'un cycle économique mais à un cycle financier. Une crise financière appelle une baisse des taux d'intérêt à court terme (ils sont aujourd'hui nuls) et à long terme : grâce au rachat de la dette publique par la banque centrale, ils sont très bas. Les taux actuels sont anormalement faibles : nous sommes sous sédation profonde.
La baisse des taux ne suffit pas pour guérir l'économie. Il faut encore que les entreprises investissent et que les États réforment... Nous n'y sommes pas ! Les États-Unis ont été les premiers à sortir de la crise. La reprise est venue du profit, d'une rentabilité élevée du capital, d'un taux de partage de la valeur ajoutée favorable. Je sais que le mot fâche mais sans profit il n'y aura pas de relèvement économique.
Savez-vous que la femme de Zeus s'appelle Métis, « la rusée » ? Les Grecs sont entrés par ruse dans l'Union européenne en pratiquant l'euphémisation de leur comptabilité. Une fois dans la place, ils ont bénéficié des bas taux d'intérêt allemands mais, au lieu d'en profiter pour se réformer, ils ont embauché des fonctionnaires. Aujourd'hui, la Grèce a quinze jours de trésorerie devant elle. Il ne faut pas que les Grecs perdent la face... mais, s'ils ont perdu la tête, devons-nous nous tomber avec eux ?
La Grèce, 10 millions d'habitants, a une dette de 300 milliards d'euros pour un PIB de 200 milliards d'euros. L'intégralité de la dette est détenue par l'étranger. La Grèce a déjà fait défaut de 100 milliards d'euros au détriment, entre autres, des Français qui ont perdu, sans le réaliser, la plus-value potentielle de leurs contrats d'assurance-vie placés en bons du trésor grec. Le gain était potentiel, la perte fut indolore. Voulons-nous cotiser de nouveau ? La dette grecque est détenue aux deux-tiers par des États, dont la France à hauteur de 50 milliards, et l'Allemagne pour 60 milliards, la BCE, détenant le tiers restant. Celle-ci est intervenue, sous l'égide de Mario Draghi, par l'intermédiaire du mécanisme de fourniture de liquidité d'urgence (ELA) aux cinq grandes banques grecques - la Société générale et le Crédit agricole qui possédaient deux grandes banques grecques les ont revendues. Le tiers des crédits de ces banques n'étant pas performants, elles sont dans une situation problématique, pour parler grec, ou catastrophique, pour parler grec encore. En latin, on les dirait subclaquantes... Le temps est compté, d'autant que les Grecs retirent leur argent du pays et le placent dans d'autres monnaies.
Les privatisations sont indispensables. Il faudra vendre bien plus que le port du Pirée, sur la base d'évaluations sérieuses. Il s'agira d'expropriations massives car la Grèce doit vendre des actifs. Une baisse des dépenses publiques est nécessaire. Il convient de relancer les PME et le tourisme. Nous avons fait preuve de faiblesse parce que le sort de la Grèce est lié au nôtre par l'intermédiaire de la monnaie commune. Je suis un humaniste et j'espère que les Grecs se sortiront d'affaire : ils ont huit jours devant eux...