C'est qu'ils ne savent pas ce qui va se passer. La forte baisse de l'euro depuis six mois crée des incertitudes très fortes, au point de bouleverser les conditions d'un accord entre un cimentier français et un groupe suisse. Les taux d'intérêt peuvent difficilement baisser encore, mais le pétrole, oui. Les entreprises, qui ont connu des difficultés de financement en 2008, préfèrent conserver leurs liquidités. D'où le plan Juncker. Celui-ci rompt avec la logique des plans keynésiens « old school », inefficaces face à la peur. Le multiplicateur devient négatif si les investisseurs anticipent une hausse de l'endettement et de l'impôt. La confiance est indispensable, au même titre que le dialogue social. Or nous sommes dans une phase post-traumatique.
L'euro est notre monnaie à tous. L'Allemagne joue le jeu. Elle a accepté une baisse de 20 %, alors que ses entreprises, spécialisées dans le haut de gamme, n'ont pas besoin d'un euro faible pour exporter. Rentables, elles n'ont pas besoin non plus de taux d'intérêt faibles. Halte au « german bashing » : l'Allemagne prend toute sa part des efforts. L'euro est revenu à sa valeur moyenne. L'anomalie était quand il valait 1,3 dollar - parce que les États-Unis ont fait baisser leurs taux directeurs. Dans un monde où existent deux grandes monnaies, si le dollar baisse, l'euro monte, mécaniquement. Nous ne nous sortirons d'affaire que si nous développons l'industrie et les services à haute valeur ajoutée. Faute de quoi nous entrerions dans une économie « low cost » ! La France, qui a dévalué le franc quatorze fois depuis 1945, n'a pas eu la culture d'une monnaie forte...