J'avais mis en garde contre un élargissement de l'OTAN à tous les anciens alliés de la Russie tandis que la Russie en était exclue. Le pacte de Varsovie avait disparu, mais l'alliance conçue contre lui demeurait et s'étendait. Comment imaginer que la Russie reste sans réaction ? Il aurait fallu l'intégrer. L'élargissement de l'OTAN n'a pas donné lieu à un débat public. Nous avons laissé les Américains déployer un système anti-missile en Europe pour les protéger contre d'éventuelles frappes de missiles iraniens. Mais ces systèmes visent aussi la Russie ! Les États européens ont laissé la Commission européenne mettre en oeuvre une politique de voisinage qui, sous la pression des Polonais, faisait espérer à l'Ukraine qu'elle pourrait rejoindre à terme l'ensemble européen de l'ouest. Les États membres ne l'ont compris que lorsque la guerre a éclaté en Crimée. Je me réjouis de l'initiative franco-allemande, elle est intelligente. Mais soyons conscients que comme la Grèce, l'Ukraine sera un problème de long terme. L'enjeu est de savoir si les Européens ont la volonté de se doter des moyens militaires nécessaires pour parler d'égal à égal avec la Russie. Mais comme Jean-Paul Betbèze l'a souligné pour la monnaie, c'est dans les crises que l'Europe progresse...