Le dossier du bio est extrêmement complexe. Je reviens à cette notion de bio naturel évoquée tout à l'heure. Des productions naturelles peuvent être ancestrales. On en trouve en Roumanie, à Saint-Domingue ou en Grèce avec des oliveraies et des arbres centenaires qui n'ont jamais été traités. Les rendements sont faibles et les productions sont vulnérables aux attaques de nuisibles mais c'est du vrai bio authentique. Juste à côté, il existe des exploitants qui se sont engouffrés dans la vogue du bio, qui est planté massivement, mais qui, grâce à un marketing sympathique, vendent du bio qui n'est pas le même que celui des oliveraies ancestrales. Le contenu n'est pas le même pour tout le monde et il y a des pratiques qui sont à la limite de la tromperie. Une autre difficulté pratique est que les produits bio, souvent plus chers, sont aussi moins rapidement écoulés et, par conséquent, perdent en fraîcheur. La production peut être bio, mais le produit est moins vendable.
Dans le secteur du vin, plus des trois quarts des producteurs ne cherchent pas la certification bio parce que la procédure est trop longue, trop complexe. Un allègement des procédures, fût-ce au prix d'un durcissement des règles, pourrait diminuer le coût et permettre de développer le secteur. Je reste convaincu que les cultures ancestrales sont une bonne voie d'entrée pour les cultures bio. L'irrigation, par exemple, est évidemment utile mais fragilise les vignes. Certains plants dans des terres difficiles vont chercher l'eau à plusieurs mètres de profondeur et acquièrent une résistance que les jeunes plantations n'ont pas.