Intervention de Aymeri de Montesquiou

Commission des affaires européennes — Réunion du 9 juillet 2014 à 15h05
Institutions européennes — Audition de M. Giandomenico Magliano ambassadeur d'italie en france

Photo de Aymeri de MontesquiouAymeri de Montesquiou :

Vous êtes l'exemple vivant de la sympathie que nos deux pays éprouvent l'un pour l'autre. Ils ont une culture et des intérêts communs. Il est rare que les citoyens connaissent le nom du pays qui préside l'Union européenne, c'est pourtant le cas avec l'Italie. Sans doute, est-ce dû au fait que votre jeune président du conseil présente des propositions novatrices et mène vivement ses décisions pour son propre pays.

Vous avez énuméré beaucoup d'objectifs, ce qui laisse craindre un manque de résultats. Quand l'Europe est colonisée par Google, Amazon, le GPS, c'est comme si, sous Gutemberg, une principauté germanique s'était adjugé le monopole de l'imprimerie. La situation est inacceptable, et pourtant l'Europe l'accepte. S'il est essentiel d'avoir une véritable politique étrangère européenne, sa mise en oeuvre reste difficile, car les pays les plus importants jouent leur partition individuelle.

L'Europe se comporte en petit caniche des Américains. Elle ne conserve aucune autonomie dans ses décisions. Les sanctions prises à l'encontre de la Russie pénalisent l'Union européenne : ses échanges avec la Russie représentent 450 milliards contre 40 milliards pour les États-Unis. De la même façon, les pays européens ont interdiction de faire du commerce avec l'Iran. Peugeot, qui détenait 40 % du marché automobile iranien, n'a pas le droit d'y vendre de pièces détachées. J'étais en Iran, il y a peu. Dans les rues, on voit des grands panneaux « General Motors is back » ! Le conseiller diplomatique du Guide, M. Velayati, m'a dit ne pas comprendre.

Ce qui se passe dans le domaine bancaire est également effarant. La finance internationale a été fragilisée par la deuxième guerre du Golfe, déclenchée avec des preuves fabriquées par les Américains. La crise des subprimes a déséquilibré le système bancaire mondial. Golden Sachs a certifié les comptes trafiqués de la Grèce. Et les Américains osent sanctionner BNP-Paribas ? L'Europe se couche devant les États-Unis. C'est effarant. Je ne fais pas preuve d'un antiaméricanisme atavique - j'ai reçu chez moi cinq ambassadeurs des États-Unis -, mais j'ai des convulsions quand je vois ce qui se passe.

L'Ukraine pose un vrai problème. Au statut des frontières, inamovibles, s'oppose le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. La Crimée compte une population russe importante. La visite de Mme Ashton à Kiev a été consternante, se pliant aux volontés des Américains qui ont fait preuve d'un mépris insultant envers les Européens.

La présidence italienne est une chance. Votre président du Conseil est jeune, vif et créatif. L'austérité seule est stérilisante, mais nous devons payer nos dettes. L'exemple italien est une source d'inspiration. L'Union européenne doit avoir une véritable politique étrangère.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion