Intervention de Giandomenico Magliano

Commission des affaires européennes — Réunion du 9 juillet 2014 à 15h05
Institutions européennes — Audition de M. Giandomenico Magliano ambassadeur d'italie en france

Giandomenico Magliano, ambassadeur d'Italie en France :

La traduction française avait été supprimée pour des raisons budgétaires. Nous avons bien entendu remédié à a cette erreur. Le français est une des langues de travail de l'Union européenne. L'Italie prône la parité de toutes les langues européennes. Elle ne veut pas d'un monopole de l'anglais, ni d'un système trilingue anglais-français-allemand. La combinaison des deux langues de travail et de celle de la présidence est tout à fait satisfaisante.

Miser sur le numérique suppose toute une architecture européenne qui n'existe pas encore ; le président Renzi a posé la question avec l'événement organisé hier à Venise. La politique étrangère commune doit être développée. L'Europe ne fait pas entendre sa voix sur la question israélo-palestinienne. La médiation américaine dure depuis un an ; l'Europe se contente de regarder et d'attendre. Chacun reconnaît qu'il y a là un vide à combler. Nous pouvons commencer à le faire à l'occasion de la crise ukrainienne, qui concerne d'abord l'Europe. A elle de concevoir les instruments et de les utiliser.

D'importance historique, les négociations sur le Traité transatlantique sont difficiles à mener. Elles risquent de durer plusieurs années et de s'enliser. D'ici un an et la fin de l'administration Obama, nous devrons choisir de valider ou non ce qui aura été acquis. La question des indications géographiques intéresse beaucoup l'Italie, mais sans doute moins les pays du nord de l'Europe. Le problème des standards reste à régler : doivent-ils être américains ou européens ? Une rencontre avec les ministres du commerce extérieur est prévue à Rome, à la mi-juillet. Les intérêts de la France et de l'Italie sont proches sur ces questions.

Sanctionner les transactions en dollars, en Suisse, par une banque française si elles sont faites avec le Soudan est un peu limite du point de vue du droit international public. L'Europe ne sanctionne pas des transactions faites en euros sur des marchés tiers. Ce type de législation, conçu aux États-Unis en pensant à Cuba, s'est ensuite largement étendu. La question doit être posée au niveau du G20. C'est ce qu'on appelle un level playing field. Quant à la protection des données, des discussions entre l'Union européenne et les États-Unis ont commencé. Ces chantiers, qui vont durer, exigeront des choix politiques. Il reviendra aux leaders de donner la ligne, de fixer le mandat, étant entendu qu'il n'y a qu'un leader du côté américain et qu'il y en a plusieurs du côté européen.

L'on souhaiterait que le triangle Rome-Paris-Berlin soit vertueux. Si l'entente entre Rome et Paris est très forte, le moteur franco-allemand est en panne pour plusieurs raisons objectives ; Rome et Berlin entretiennent des relations fluides, mais ne s'accordent pas sur le degré de flexibilité à adopter. La règle dit qu'il est possible de tirer sur l'élastique, sans le déchirer ; - encore faut-il le vouloir... Ce débat sera important dans les années à venir. L'Italie respectera les 3 % au titre du pacte de stabilité, mais elle ne pourra pas parvenir à 0 % de déficit structurel.

Si la dette existe indéniablement, il faut distinguer la dette passée et celle qui s'ajoute. On ne peut pas réduire l'arriéré d'un coup. La dette japonaise atteint 230 % de son PIB, tout en restant un pays crédible ; l'Argentine, dont la dette ne représente qu'une petite fraction de son PIB, n'inspire pas confiance aux marchés. Il convient de distinguer des pays qui ont été aidés après avoir subi la crise bancaire (l'Irlande ou l'Espagne) ou de dette souveraine (la Grèce) de pays comme la France et l'Italie qui doivent résoudre leur problème de dette sans s'étrangler. La dette de l'Italie atteint 130% de son PIB, parce que celui-ci a baissé ; la France, qui arrivera probablement bientôt à 100 % de dette sur son PIB, devra vivre trente ans avec ce déficit, avant de pouvoir commencer à le réduire. On ne peut pas faire l'impossible. Il faut ajuster les stratégies dans le temps.

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